Le monde entier était tourné vers la Tunisie cette semaine. Les yeux rivés sur le premier scrutin libre du printemps arabe. Les médias s’enflammaient à l’attente des résultats.
Le peuple est venu voter en masse, donner sa voix. Les journalistes aussi étaient présents, nombreux, comme le souligne le texte « État de Siège » d’Hamideddine Bouali, fondateur du club photo de Tunis.
Pour ces élections, Afrique in visu a proposé à la plateforme Shutter Party, une tribune coordonnée par son fondateur Wassim Ghozlani pour présenter une vision de 17 photographes autour des élections en Tunisie et en particulier la date du vote, le dimanche 23 octobre 2011.
Les photographes qui ont participé à ce projet sont : Akram Meloman, Amine Boussoffara, Amine Landoulsi, Augustin Le Gall, Aziz Tnani, Hamideddine Bouali, Heithem Chebbi, Marwen Trabelsi, Mohamed Slim Werda, Mohamed Zmerli, Rania Dourai, Sabrine Belkhouja, Sameh Arfaoui, Sami Nagazi, Sophia Baraket, Wassim Ghozlani, Yassine Hakimi.
État de siège
2011 est l’année la plus improbable que les tunisiens ont connus. Depuis cet historique 14 janvier, pas un jour ne passe sans que la Tunisie ne se retrouve le théâtre d’un événement qui fera la Une des quotidiens locaux et très souvent internationaux.
Les Tunisiens ont vécu aux rythmes d’échéances, de comptes à rebours et de rendez-vous. Les chiffres rouges des feuillets des calendriers, longtemps simple numéro se succédant comme sur un compteur d’électricité, sont devenus en 2011 les numéros de pages d’un grand livre d’histoire.
Qui aurait prédit ce 14 janvier, un vendredi nuageux, que parmi les dizaines de milliers de manifestants présents en face du redoutable Ministère de l’Intérieur, il y aura, dix mois plus tard, des élus d’une Assemblée Constituante et que la majorité feront la queue pendant des heures devant des bureaux de vote…et que le parti d’Ennahdha, passé dans la clandestinité depuis des décades, se retrouvera en tête des suffrages ?
Aujourd’hui 26 octobre, au centre de presse de l’Instance Supérieur Indépendante des élections, des journalistes, venus du monde entier, assister à la campagne électorale, au scrutin et au dépouillement des bulletins de vote attendent la déclaration finale et définitive des résultats. Ils sont les témoins d’une démocratie faisant ses premiers pas. Titubant, hésitant, craignant de tomber…mais heureux d’avoir en si peu de temps accomplit un trajet si périlleux, le tunisien est conscient que ce qui reste à faire est d’une importance telle qu’elle pourrait remettre en question tout ce qui a été réussit.
La Tunisie, après avoir été connue dans le monde à travers des hommes et des femmes, qui ont sur une histoire millénaire inscrit des pages mémorables, est aujourd’hui célèbre grâce à des inconnus, des anonymes, des citoyens. Elyssa, Hannibal, Kahena, Bourguiba ont produit des Samia, Khaled, Fatma et Slim…
A court de sujet, après avoir arpenté Tunis, ces murs décorés d’affiches électorales, ces écoles pleines de tunisiens heureux de se mettre en boite et ces artères retapées à neuf pour faire bonne figure devant les observateurs tout court, et impatient d’écouter les résultats définitif…je me suis retrouver moi aussi cherchant aux alentours du centre de presse, des sièges…
Hamideddine Bouali, 26 octobre 2011
RENDEZ VOUS DANS LA GALERIE POUR DÉCOUVRIR L’ENSEMBLE DU TRAVAIL DES 17 PHOTOGRAPHES..