Les empreintes de Lubumbashi

La biennale Picha à Lubumbashi a fait émerger un vivier de jeunes talents lors de ses deux éditions. Parmi eux, Georges Senga. Nous découvrons son travail, un travail en Noir et Blanc simple et efficace qui nous plonge dans l’univers des matières et des formes. On vogue dans la ville de Lubumbashi à travers ses séries traitant de l’inachevé, des traces de le nature ou de l’homme.

Nous avons souhaité interviewer ce jeune photographe prometteur. Il nous parle de son parcours et de son approche photographique influencée par ses ainés.

Tu découvres la photographie à travers la première biennale Picha à Lubumbashi en 2008 où tu participes à un atelier de photographie animé par la photographe belge Marie-Françoise Plissart et supervisé par Sammy Baloji et Gulda El Magambo, photographes lushois. Peux-tu te présenter et nous raconter cette première expérience et nous dire en quoi elle a été déterminante pour la suite de ton travail photographique ?

Je m’appelle Georges Senga, de nationalité Congolaise, vivant à Lubumbashi.
Je suis âgé de 28 ans et j’ai suivi des études de lettres et sciences du langage à l’université de Lubumbashi.
Pour moi la photographie était avant tout un objet-souvenir d’événements où je me faisais photographier. Jusqu’au jour où en pleine pause pendant les cours j’emprunte l’appareil photo d’un ami pour deux heures. C’est alors la première fois que je me suis senti dans un monde à part entière, et j’ai regardé tout ce qui se passait autour de moi.
Cela fut une étrange découverte dans ma vie, j’ai vu clair. Je me suis aperçu que le monde autour de moi ne représentait que des formes. J’ai fait quelques photos des bâtiments, les ai montrés à celui qui m’avait prêté l’appareil photo, et lui, à son tour m’a proposé de postuler à l’appel à candidature que les Rencontres PICHA avaient lancé dans la ville.
Ces images furent un billet pour participer à cet atelier animé par Marie-Françoise Plissart, qui m’a permis de rencontrer beaucoup de photographes expérimentés comme Sammy Baloji, Gulda El Magambo, Andruw Tshabamgu et tant d’autres qui m’ont facilité les échanges, la compréhension et la clarté dans la photographie.

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En 2008, tu réalises, suite à cet atelier, la série «  Nouveaux plafonds » sur le paysage urbain du Katanga. Comment as-tu travaillé pour cette série? A quels types de lieux t’es-tu intéressé ?

Pour la réalisation de la série « Mes nouveaux plafonds », nous étions 7 personnes à participer à cet atelier et on avait remis à chaque participant un appareil photo. L’idée était de nous envoyer dans la ville pour faire des images sur ce qui nous inspirait. j’ai été attiré tout de suite par les anciens bâtiments abandonnés inachevés et les nouveaux bâtiments aussi abandonnés et inachevés de ma ville. Après la prise de vue chaque soir on se mettait à discuter avec Marie-Françoise Plissart sur les images qui regardait celles-ci pour nous orienter vu que nous étions tous novices dans la photographie.

Tu y confrontes le vieux et le neuf, l’achevé et l’inachevé. Pourquoi ? Cela est- il représentatif des constructions du Katanga et en particulier de Lubumbashi ?

Je confronte le vieux et le neuf et l’inachevé. Je trouve ce qu’il y a d’achevé dans l’inachevé et inversement, faisant de l’entre deux, un état à part entière. Cette recherche de traces révèle une vision du temps dans un éparpillement dans l’espace de divers instants. Ces traces, je les puise dans la ville de Lubumbashi, qui présente à la fois des styles architecturaux d’inspiration coloniale et des constructions plus récentes.

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En 2010, tu as produit la série « Empreinte » qui nous montre les signes laissés en passant par l’humain ou la nature. On y trouve des gros plans et des natures mortes à même le sol. Comment as-tu réalisé cette série ?

Pour la réalisation de la série « Empreinte » j’ai passé mon temps à chercher des formes représentatives des objets abandonnés dans des poubelles. Mais à ma grande surprise j’ai découvert qu’il n’y avait pas seulement les objets, mais que la nature pouvait aussi forger une racine en lui donnant une forme représentative.

Et j’ai pris tout mon temps pour avoir le bon angle, ce qui m’a permis de reproduire avec l’appareil photo ce que mon œil voyait.

T’es-tu inspiré du travail de peintres ou de photographes du Katanga ou de l’étranger ? Si oui lesquels ?

La photographie dans ma vie est venue comme une femme qui part à son premier rendez de-vous, mais n’empêche que dans toute cette découverte, il y a toujours des modèles : Bernd et Hilla Becher, Sammy Baloji, Marie-Françoise Plissart.

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Tu travailles à Lubumbashi qui est une ville actuellement très dynamique pour les arts visuels. Es-tu impliqué dans la biennale Picha? Ou le centre Picha ?

Je suis impliqué dans la biennale Picha car c’est à travers la biennale que j’ai été découvert comme photographe à Lubumbashi.

Quels sont tes projets dans le futur ?

Mes projets sont basés toujours sur la photographie, je compte effectuer un travail sur l’architecture des gares de la province du Katanga.

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