Ouagadougou, ville aux milles visages

En novembre 2010, 14 photographes s’étaient donné rendez-vous pour 5 jours à Ouagadougou pour la 2e édition d’un atelier international coordonné par l’asbl belge Contraste et le photographe burkinabé Warren Sare. 8 photographes africains, 6 européens regroupés autour d’un thème : 50 ans après l’indépendance, quel est le visage moderne de Ouagadougou ?

Maternité © Marie Kroll
Maternité © Marie Kroll
Résultat : un diaporama et une exposition qui vaut le détour par la diversité affichée de la capitale burkinabé. Des portraits de tout un chacun, dans la rue ou aux alentours du marché, des clichés parfois même ethnographiques, ainsi que ceux des artistes posant au milieu de leur atelier. La Malienne Fatoumata Diabaté y met un visage sur l’industrie florissante du cinéma au pays des hommes intègres, imageant toutes ces mains pour la plupart ignorées du grand public.

Mais au-delà du portrait à ciel ouvert, cet atelier international, par sa diversité, nous emmène dans les lieux moins fréquentés, ignorés ou simplement invisibles à l’œil non-averti. Le Ghanéen Jean Rivel Fondjo a posé son appareil dans le maquis, illustrant la vie nocturne dans ses phases aussi festives que sombres. De son côté, la gynécologue belge Marie Kroll a mis sa vision aiguisée du métier pour mettre en exergue les instants intimes des salles d’accouchement.

On plonge dès lors dans l’humain, une thématique reprise avec sa charge d’histoire dans deux autres séries. L’une portant sur les anciens combattants ayant servi tant pour l’armée française (en Algérie ou encore en Indochine) que pour l’indépendance du Burkina Faso, mais dont les services à la République française sont trop peu reconnus par Paris. Un travail fourni par Warren Sare. L’humain, plus encore, avec une plongée dans le travail manuel effectué dans les carrières de minerais. Des clichés qui dénoncent les conditions de travail inhumaines alors qu’un soleil de plomb assommerait le premier venu.

Les affects différents des photographes africains et européens vont offrir des résultats sans doute peu attendus à l’évocation du thème initial : la tannerie dans son processus complet, l’artisanat à travers le travail de la matière ou encore son milieu universitaire.

Ce mélange de points de vue aura eu le don de provoquer la réflexion chez les photographes d’origines différentes, preuve par ce travail sur l’architecture signé Cindy Hannard, sans doute la série qui aura le plus étonné ses compères africains.

Un stage de 5 jours en novembre 2010, en pleine campagne électorale, qui a aussi permis la prise de quelques clichés lors des élections remportées par Blaise Compaoré.

On signalera que si les photographes africains (originaires du Mali, du Niger, du Togo ou encore du Burkina même) étaient des professionnelles, ce n’était pas le cas des Européens qui se présentaient toutefois en amateurs avertis de la photo. Une rencontre culturelle unanimement reconnue comme des plus intéressantes et qui sert également de point de départ à la création d’un centre de la photographie à Ouagadougou. Un centre dont l’histoire sera assurément à suivre.

Une exposition à voir dans les locaux de l’asbl Contraste à Bruxelles jusqu’au 24 mars.

Les maquis © Jean Rivel Fondjo
Les maquis © Jean Rivel Fondjo

Cinéastes burkinabés, portrait de Kouka Aimé Zongo © Fatoumata Diabaté
Cinéastes burkinabés, portrait de Kouka Aimé Zongo © Fatoumata Diabaté