Cela s’oppose à la tradition photo de studio malienne…
La photo de studio n’est pas spontanée. En voulant se faire beau, on perd l’émotion alors qu’avec un enfant on arrive à la garder.
Dans ton travail, les décors sont absents, est-ce volontaire ?
Il n’y a pas de décor car je photographie sur l’instant. Je photographie dans la rue.
Cela permet qu’on ne puisse pas identifier le lieu de la prise de vue. Cela induit un questionnement du spectateur.
L’homme est l’information principale, cela permet ainsi de se focaliser sur lui.
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- Portrait de Mopti © Tiécoura Ndaou
Pourquoi t’intéresses-tu au genre du Portrait ?
J’apporte plus de considération à l’homme. J’essaie de lire les visages des gens.
Tu as de nombreux portraits pris de manière rapprochée. Cette technique de prise de vue a-t-elle une signification ?
Oui, cela permet de lire l’expression du visage et de voir si les sujets étaient agressifs ou amicaux.
Mais c’est aussi afin d’être proche d’eux. J’ai ouvert un dialogue avec eux, je leur ai expliqué mon travail ainsi les sujets ne fuient pas.
Tu as donc eu un bon accueil ?
Oui, mais je dois leur ramener leurs images lorsque je vais retourner à Mopti.
Aurais-tu pu réaliser le même sujet en couleur ?
J’apprécie les portraits en noir et blanc. L’image est plus douce en noir et blanc et les traits ressortent mieux.
Ton image avec les deux femmes qui se tressent est intrigante, comment a-t-elle été réalisée ?
Cela m’intéressait de travailler sur les tresses. J’étais parti chez une amie qui tressait une copine à Mopti d’où je suis originaire.
La femme est en train de se faire tresser pour être belle et si l’image est belle cela montre la beauté de la beauté.
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- Portrait de Mopti © Tiécoura Ndaou
De plus, les tresses sont très importantes dans la tradition malienne. Quand on est jeune fille ou femme mariée, les tresses sont différentes. Tout cela a une signification.
Et l’image de la femme avec le gobelet ?
C’est ma tante, elle donnait de l’eau à son enfant. L’eau est un thème intéressant car c’est une source de vie. Dans cette image, c’est un peu une sorte de miroir car la femme est aussi source de vie.
Mais c’est surtout la lumière sur la base du gobelet qui m’a interpellé et intéressé.
Réalises-tu tes photos vers une heure spécifique ?
Non, mais j’ai essentiellement pris ces photos de 10h à 16h. J’aime ce moment de la journée, la lumière y est forte, il y a du monde dehors et les enfants sont en pause après l’école.
Tes images n’ont pas de titre, pourquoi ?
Je ne suis pas très intéressé par les titres. A chacun d’en dégager une signification qui lui correspond.
En tant que dessinateur, as-tu fait beaucoup de portraits ?
Non pas spécialement, je ne fais pas spécialement de portrait. Les gens préfèrent être photographiés plus que d’être dessinés. Galerie "Portraits" par Tiécoura N’Daou.
Toutes les images © Tiécoura N’Daou