Rencontres de Bamako 09 – édition du 7/8 novembre

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Une nouvelle édition des Rencontres de Bamako : un nouveau nom, un nouveau site, de nouvelles têtes : le délégué général en la personne de Samuel Sidibé (directeur du Musée National du mali), une nouvelle direction artistique, les commissaires ( Laura Serani et Michket Krifa) et surtout de nouveaux photographes. La semaine professionnelle qui se tient du 7 novembre au 13 novembre 2009 a bien commencé. Un vernissage très remarqué au Musée National pour sa qualité artistique. On a pu y découvrir une scène sud-africaine très dynamique et noté la présence de beaucoup de photographes du Maghreb. La biennale qui s’articule cette année autour du thème des frontières promet de grands débats et a mis un fort accent sur la professionnalisation des photographes à travers des lectures de portfolios, des tables-rondes et des workshops.

Samedi soir, le rendez-vous était donné au Palais de la culture, où l’exposition nationale offrait un panel de la création photographique malienne. A l’étage, on a pu noter la présence de la galerie sud-africaine Michael Stevenson à travers les travaux surprenants et magnifiques de Pieter Hugo « Nollywood » ou encore le travail de la jeune photographe du Swaziland, Nandipha Mntambo.

Pour ce premier numéro spécial Rencontres de Bamako 09, Afrique in visu vous propose de suivre cet événement par les yeux d’ Armel Louzala qui nous livre une pose de la ville pour la rubrique « arrêt sur image ».

Le portrait du jour est celui du photographe Tchadien, Abdoulaye Barry. La scène tchadienne est encore bien méconnue du grand public, aussi nous avons souhaité proposer à ce photographe de nous parler de son parcours, de nous livrer ses impressions.

Un petit détour par le CFP, où Sébastien Rieussec, formateur, nous fera le récit du stage réalisé auprès de l’APCM, l’Association des Photographes et Cameraman du Mali.

Bonne lecture et à demain !


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Regard sur la scène photographique tchadienne

Portrait d’Abdoulaye Barry

Au cours des vernissages des Rencontres de Bamako, nous avions remarqué avec intérêt le travail d’ Abdoulaye Barry . Hier soir, il a pris un moment pour nous raconter son parcours et nous livrer ses premières impressions sur ce début de biennale.

Né en 1980 à N’Djamena, Abdoulaye Barry vit son premier choc photographique alors qu’il fréquente encore l’école où on lui exige une photo d’identité. Ce premier contact l’impressionne profondément mais pas autant que son dialogue avec un photographe du village venu couvrir le décès d’un parent.

Le jour de ses 20 ans, un oncle comprenant sa passion, lui offre un appareil. Ce coup de pouce lui permet de concrétiser son rêve. Ainsi il commence la photographie de mariage, de naissance et de décès.

En 2006, il participe à un stage au CCF de N’Djamena animé par le photographe Bruno Boudjelal. Ce stage sera un véritable déclencheur. Il y débute sa série sur les enfants de la rue. On peut aujourd’hui voir ses œuvres dans la sélection de l’exposition internationale des Rencontres de Bamako.

Quand on demande à Abdoulaye Barry que font les photographes actuellement au Tchad et si le milieu s’est structuré depuis le stage de 2006, il nous explique :

« Le but de l’atelier de Bruno Boudjelal était d’identifier des photographes. Depuis on a monté un collectif « Reobe », ce qui signifie « Chemin » mais celui-ci ne fonctionne pas très bien. En 2007, pendant le mois de la Francophonie », le collectif a exposé un travail intitulé « Hip-Hop, art des rues, arts de scène ».

Enfants de la rue, 2006-2009 © Abdoulaye Barry
Enfants de la rue, 2006-2009 © Abdoulaye Barry

Les impressions de ce photographe vis-à-vis de la Biennale sont très positives. En effet, pour la première fois, il participe à ce grand événement. Il s’estime heureux de pouvoir montrer aussi sa vision du Tchad à ses confrères et de se confronter au monde de la photo.

A son retour à N’Djamena, Abdoulaye Barry compte partager son expérience avec les photographes locaux mais aussi continuer son travail dans la lignée de l’atelier animé par Bruno Boudjelal et Francis Nii Obodai Provençal à Accra sur les frontières et poursuivre une série intitulée « la nuit comme frontières de la ville ».

Le mot de la fin : « La photographie qui n’était au début qu’un gagne vie est aujourd’hui une passion. Un leitmotiv dont je cherche les contours. Il m’a toujours été difficile de m’exprimer avec des mots. Ce que j’exprime, c’est ce que je montre. Je ne juge pas, je laisse juste les gens juger mes travaux. »

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Bamako et ses frontières

Atelier de photographie numérique au CFP de Bamako

En prélude à la 8ème édition des Rencontres de Bamako, le CFP organisait, du 17 au 26 octobre dernier, un atelier de photographie numérique autour du thème « Bamako et ses frontières » . L’occasion pour six photographes maliens (membres de l’APCM* et du CFP) accompagnés d’un photographe centrafricain (membre du GODEPHOC**) de porter un regard singulier sur la capitale malienne et de perfectionner leur maîtrise de l’outil numérique.

Luxuriances © Sekou Madani Traore
Luxuriances © Sekou Madani Traore

Animé par le photographe Sébastien Rieussec , chargé des cours d’analyse d’image au CFP, ce workshop a débuté par une mise à niveau technique afin que l’ensemble des participants maîtrise les notions de base de la photographie numérique, de l’acquisition des images à leur archivage en passant par les questions de format et de résolution de fichier. Un bref tour d’horizon de la photographie contemporaine a ensuite permis aux participants de se nourrir d’images, de points de vue et de démarches extrêmement variés. Exerçant pour la plupart leur activité de photographe en studio ou lors d’évènements familiaux tels que les baptêmes ou les mariages, cette séance fut l’occasion pour les stagiaires de trouver une source d’inspiration en vue de construire leur série. L’objectif était en effet que chacun puisse adopter une forme et un point de vue particulier. La discussion s’est alors engagé autour du thème proposé et chacun a pu définir petit à petit le sujet qu’il allait traiter avant de partir sur le terrain. Les séances d’éditing ponctuant le stage ont alors donné lieu à des échanges très riches entre les stagiaires et ont permis à chacun d’entre eux d’affiner leur démarche et d’aboutir à un travail cohérent.

Ibrahim Touré nous plonge dans l’univers des boites de nuit de la capitale malienne tandis que Seydou Camara nous emmène à la rencontre de la communauté rasta. Aly Barry nous offre une galerie de portraits de femmes en tenue de mariage. Sékou Madani Traoré a, de son coté, adopté une forme systématique pour montrer un visage inattendu de Bamako : celui des quartiers huppés. Mesmin Ignabodé-Kossi propose une métaphore sur le rapport entre le noir et le blanc. Mamadou Diarra est parti à la rencontre des marginaux de Bamako. Enfin Bounama Magassa nous montre comment les frontières sociales se dessinent jusque dans les cimetières.

Le fruit de cet atelier fait actuellement l’objet d’une exposition produite par le CFP. Elle offre sept regards, sept sensibilités différentes sur la ville de Bamako à travers le spectre de ses frontières physiques, humaines et sociales.

Le vernissage de l’exposition aura lieu le lundi 9 novembre à 19h00 au CFP.

Séries présentées :

Look mariage par Aly BARY

Les poubelles d’or par Seydou CAMARA

Les marginaux par Mamadou DIARRA

Ombre et lumière par Mesmin IGNABODÉ-KOSSI

Dernières demeures par Bounama MAGASSA

Plaisirs par Ibrahim TOURÉ

Luxuriance par Sékou Madani TRAORÉ

* Association des Photographes et Caméraman du Mali

** Groupement pour le développement de la photographie en Centrafrique

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Dans la rue du Palais de la Culture, samedi 7 novembre, Baudouin Mouanda © Armel Louzala
Dans la rue du Palais de la Culture, samedi 7 novembre, Baudouin Mouanda © Armel Louzala

Armel Frid Louzala

Armel Frid Louzala est né et vit au Congo Brazzaville. Il a commencé la photographie dans le studio de son frere en 1998. En 2005, il se lance corps et âme dans la photographie. Depuis novembre 2006 il est membre du collectif Génération Elili. Il a eu le prix Jeune talent du concours Intimité(s)s Francophone(s) organisé par afrique in visu et correspondants.org.

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** Zoom sur l’APCM, l’association des photographes et cameramen du Mali : une association dynamique !

En avril-mai 2008, vous aviez pu voir l’exposition « Clin d’œil sur ma commune » sur le Boulevard de l’Indépendance à Bamako réalisée par l’APCM. Une exposition patrimoniale en partenariat avec la mairie de la commune 3 qui présentaient des photos d’architectures coloniales confrontées à des images d’architectures contemporaines au Mali comme le quartier AC12000.

Martin Parr © Baptiste de Ville d'Avray
Martin Parr © Baptiste de Ville d’Avray
Cette association, dont le président est Sékou Traore et le trésorier, Mamoutou Kobe, existe depuis 2001. Elle regroupe environ 250-300 photographes au niveau national et 100 photographes à Bamako. On peut y retrouver des photographes de studio, des caméramans de l’ORTM, des publicitaires, des photographes de presse…. L’association n’a jamais exposé collectivement aux Rencontres de Bamako mais vous pourrez y découvrir dans le cadre du OFF du CFP, le travail issu du stage « Bamako et ses frontières » qui s’est tenu en octobre 2009.(à lire dans rubrique Témoignage).

** Première soirée des Rencontres…

Samedi, après une journée dense et un très beau vernissage au Palais de la culture, les festivaliers se sont dispersés dans Bamako. On a pu croiser certains d’entre eux, dans le jardin du Palais en deuxième partie de soirée, qui dansaient avec les bamakois sur le son du groupe Neba Solo et sur les images projetées par le Collectif Yeta.

** Et demain, Kan jumen be ?

lundi 9 novembre, en écho à la thématique « frontières », une table-ronde se tiendra au CAMM sous le titre « Des frontières et des hommes » en collaboration avec la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration ».

Le soir, nous vous donnons rendez-vous chez nos partenaires, le CFP pour une soirée en images, en goût et en sons à partir de 19h !

** Un peu de people…

Le photographe anglais Martin Parr, invité dans le cadre du partenariat entre la biennale et des Rencontres d’Arles, a complété sa collection en achetant des tenues à l’effigie d’Obama au Marché de Bamako. On pourra découvrir son travail « Luxury » lors d’une projection – conférence au Musée National du Mali, mardi matin à 11h30.