« Vestiges d’avenir »

Vestiges d'avenir © Philippe Bernard
Vestiges d’avenir © Philippe Bernard
Ce projet est né à Nouakchott , capitale de la Mauritanie, ville nouvelle en perpétuelle évolution et lieu de ma précédente série ( opus incertum, cf. site ). J’y photographiais entre autres des indices de modernité ancrés dans le contexte urbains de Nouakchott. J’en étais arrivé à la conclusion que cette ville, très récente puisque construite à partir de 1958, avait dans l’idéal la capacité de décider de son avenir. Suite à cette expérience, j’ai voulu orienter mon regard sur ces signes ostentatoires de modernité : sortis de leur contexte, que représentent-ils ?

Je suis parti à leur recherche dans diverses capitales africaines, au Niger, au Mali, en Gambie, en Guinée-Bissau ou en Mauritanie, pays classés PMA*. En filigrane, j’avais dans la tête l’idée de perturber nos représentations sur ces villes. Vous trouverez dans la galerie et sur mon site quelques images de ce que j’y ai vu.


Paradoxalement, ces espaces réglés sont vides. Car ce sont là des vestiges d’avenir, des traces improbables, témoins à rebours d’un avenir qui a déjà disparu. Ca aurait pu être. C’est l’Afrique fantôme que j’évoquais au mois de décembre à Bamako, déjà sur le site d’Afrique in visu (billet du 08/12/2006). Je confronte ces paysages urbains à des portraits diaphanes d’habitants rencontrés dans les rues, les yeux clos, écho de masques en bronze.

Vestiges d'avenir © Philippe Bernard
Vestiges d’avenir © Philippe Bernard

Par-delà l’Afrique, c’est notre société que je questionne, celle qui avilit les cultures, qui aseptise, qui uniformise. J’ai choisi ce continent, et particulièrement ces pays-là, car ils restent encore protégés de ce phénomène. Mais pour combien de temps ? Dans ces capitales, on aperçoit les prémices d’une évolution à l’occidentale et la naissance d’une disparition…

* PMA : pays les moins avancés

Remarques techniques : pour la réalisation de cette série, je me suis imposé quelques contraintes qui iraient dans le sens de la démarche.

  • J’ai choisi de photographier des capitales, pour leur orgueil à l’égard du reste du pays et leurs possibles prétentions. Empreintes d’arrogance et de fierté, elles sont l’image politique et diplomatique du pays. Imprégnées du pouvoir et de l’argent, porteuses d’espoir pour ses habitants, elles représentent l’Avenir.
  • Les lignes horizontales et verticales d’une part renforcent l’aspect statique, rigide et froid de cet univers et d’autre part participent à une impression de décor.
  • Les ciels bleus et l’omniprésence de la lumière renvoient à un certain modèle du bonheur. Voir une selection de photographies de « vestiges d’avenir »