Exposition présentée au Cloître Saint-Trophime.
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- © Cristina De Middel
En 1964, galvanisée par son indépendance tout juste acquise, la Zambie a initié un programme spatial destiné à envoyer le premier Africain sur la Lune, rejoignant les États-Unis et l’Union soviétique dans la course à l’espace. Seuls quelques rares optimistes soutenaient le projet d’Edward Makuka, l’instituteur chargé de présenter cet ambitieux programme et de récolter les fonds nécessaires. Malheureusement, l’aide financière n’est jamais arrivée, les Nations unies retirant leur soutien, et l’une des astronautes, une jeune fille de 16 ans, tomba enceinte et dû renoncer. Voilà comment ce projet héroïque est devenu un épisode exotique de l’histoire africaine, par ailleurs marquée par les guerres, la violence, les sécheresses et la famine. En tant que photojournaliste, j’ai toujours été attirée par les aspects marginaux des récits, fuyant les sempiternels marronniers racontés toujours de la même manière. Aujourd’hui, mes projets personnels respectent les fondements de la vérité tout en s’autorisant à rompre avec les règles de la véracité : l’objectif est de pousser le public à analyser la trame des histoires que nous absorbons comme étant réelles. The Afronauts repose sur la documentation d’un rêve impossible qui n’existe qu’à travers les images. Je pars d’un fait réel qui s’est passé il y a 50 ans et je réélabore les documents en les adaptant à mon imagerie personnelle.
Cristina De Middel
Née en Espagne en 1975.
Vit et travaille à Londres.
Cristina De Middel travaille depuis plus de huit ans pour différents journaux espagnols ainsi que pour des ONG comme Médecins sans frontières ou la Croix-Rouge espagnole. Parallèlement à ses missions documentaires, elle développe des projets plus personnels qui ont été présentés et récompensés à plusieurs reprises (elle est notamment la lauréate du prix Photofolio 2012, du Deutsche Börse Prize 2012, ainsi que de l’Infinity Award de l’ICP à New York).
Ce volet du travail de Cristina invite le public à s’interroger sur le langage et la véracité de la photographie en tant que document, en jouant avec les reconstitutions ou les archétypes qui brouillent les frontières entre réalité et fiction.