Aborder le monde en photographie

C’est à travers les réseaux sociaux, Instragam et Facebook, que vous avons découvert la photographe Matilde Gattoni. En particulier avec ses images fortes réalisées dernièrement en Afrique de l’Ouest sur les effets du changement climatique comme cette jeune fille au Ghana qui court alors que son école vient d’être inondée par la marée montante.
Cela nous a donné envie de passer un peu de temps avec cette photographe avec cette interview pour comprendre sa démarche de photojournaliste, photographiant hors de l’actualité brulante pour aller plus loin sur des sujets de fonds.


Comment êtes-vous devenue photographe ?

Je suis partie au Maroc à 19 ans avec un vieil appareil photo de mon père et là je suis tombée amoureuse de l’appareil et des aventures qu’il me faisait vivre, puis en 2000 je me suis retrouvée à Hébron au début de la seconde Intifada et c’est là que j’ai commencé à travailler.

Vous avez co-fondé avec le journaliste Matteo Fagotto, Tandem Reportage, parlez-nous de ce projet ? Quelle est pour vous le rapport image/écriture ?

C’est un rapport absolument essentiel dans le photojournalisme, l’un n’existe pas sans l’autre. Cela fait trois ans que l’on travaille en équipe, ça nous permet de traiter des sujets qui nous tiennent à cœur. Tandem était notre réponse à la crise que vit la presse depuis plusieurs années, les commandes ont presque disparu et elles ne durent que quelques jours désormais, pas assez pour couvrir un sujet à fond, Tandem fait l’inverse. On ne couvre pas d’actualité, on va souvent dans des zones très reculées du monde pour faire le lien entre des communautés isolées et l’Occident.

Votre premier travail en Afrique était sur l’Erythrée, dans quel cadre y êtes-vous partie ?

Je me suis rendue en Erythrée en 2003 pour UNICEF afin de réaliser un reportage sur les conséquences de la guerre sur les populations plus reculées du pays. Un voyage très spécial puisque mon père y est né et mon grand-père y a vécu pendant 20 ans, j’ai grandi avec les images d’Erythrée, c’était donc un retour aux sources pour moi.

Ensuite vous avez vécu 8 ans entre Dubai et Beyrouth, qu’y faisiez -vous ?

J’étais représentée par ArabianEye, une agence créée par une jeune anglaise, Celia Peterson. Je couvrais le Moyen-Orient pour des quotidiens et des revues internationaux tels que Financial Times, TIME, Newsweek, Der Speigel. J’ai eu aussi la chance de faire pas mal de corporate et de découvrir une autre façon de travailler et une autre relation avec des clients qui ont des exigences bien différentes. L’Europe a souvent tendance à t’enfermer dans des cases en tant que photographe alors qu’à l’étranger tu as bien plus d’opportunités pour explorer différentes voies.

Vous postez régulièrement lors de vos reportages des images sur instagram. Font-elles parties de vos sujets documentaires ou est-ce plutôt des photos d’ambiance ? Comment les inscrivez-vous dans votre pratique ?

Les deux, pendant que je suis en reportage, je poste les photos du jour qui parfois font parties du projet sur lequel je bosse et parfois ce sont juste des moments candides qui m’ont frappée. Quand je ne voyage pas par contre je poste des images d’archive avec des légendes complètes. J’aime le contact direct avec le public, j’aime qu’on me pose des questions au sujet d’une image que je poste, ça fait plaisir de voir que les gens s’intéressent au monde et à ce qu’il se passe, d’autant plus que je ne traite pas l’actualité.

Vous êtes membres sur instagram d’@Everydayclimatechange, pouvez-vous nous en parler ?

@EverydayclimateChange est un collectif de 25 photographes basés sur 5 continents qui illustrent les effets du changement climatique. Notre objectif est vraiment de faire prendre conscience au public que le changement climatique est bien réel et qu’il touche le monde entier et pas seulement les pays du Tiers Monde comme on le pense souvent. Une chose c’est de lire un article ou un rapport scientifique, une autre c’est de voir une image d’un paysage dévasté par la déforestation ou autre, l’impact est bien majeur, c’est le pouvoir de la photographie.

Depuis quelques temps, vous travaillez régulièrement sur le continent africain, vous venez par exemple de réaliser un travail en Afrique de l’Ouest, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Je viens de passer 5 semaines en Afrique de l’Ouest (Ghana, Togo et Bénin) pour couvrir les effets du changement climatique, l’érosion côtière est en train de dévorer tous les pays de la cote occidentale du continent, ce qui aura des conséquences à long terme absolument dévastatrice.

En 2016, vos futurs projets vous emmèneront en Afrique du Sud et aux Comores, partez-vous sur des sujets personnels ou pour des commandes ?

Toujours pour des sujets personnels mais je ne peux pas en dire plus sur les sujets pour l’instant !

Vous présentez essentiellement votre travail dans la presse, exposez-vous parfois vos reportages ? Est-ce différent pour vous que d’être publiée ? Quelle importance cela a-t-il pour vous de montrer vos photographies sur des murs ?

@Everydayclimatechange a exposé à Milan, New York, Chicago, Bangkok l’année dernière et je viens d’avoir une exposition personnelle à Dubai. Je préfère en règle générale publier mon travail dans les revues car bien plus de gens ont accès aux histoires mais c’est une très belle satisfaction personnelle que de réaliser une expo, c’est un peu comme faire le point de la situation, s’arrêter de courir un instant, prendre du recul et dire ok j’en suis arrivée là.

Quelles sont vos prochaines actualités ?

On prépare le prochain reportage en Afrique du Sud, j’édite le reportage réalisé en Afrique de l’Ouest et je viens de créer une page sur facebook afin de lancer la vente de mes tirages en édition limitée.

© Matilde Gattoni
© Matilde Gattoni

© Matilde Gattoni
© Matilde Gattoni

© Matilde Gattoni
© Matilde Gattoni

© Matilde Gattoni
© Matilde Gattoni

© Matilde Gattoni
© Matilde Gattoni

© Matilde Gattoni
© Matilde Gattoni

© Matilde Gattoni
© Matilde Gattoni

© Matilde Gattoni
© Matilde Gattoni

© Matilde Gattoni
© Matilde Gattoni

© Matilde Gattoni
© Matilde Gattoni

© Matilde Gattoni
© Matilde Gattoni

© Matilde Gattoni
© Matilde Gattoni