C’est un projet qui va faire parler de lui au Maroc mais aussi à l’étranger…
« Une histoire de la photographie marocaine », c’est au départ un projet de recherche commencé à Paris par Marie Moignard qui se concrétise par l’édition d’un livre retraçant l’évolution de la photographie au Maroc avec 45 photographes à découvrir.
Nous avons profité de cette halte parisienne pour rencontrer Marie Moignard , Abdelghani Fennane ainsi que Nathalie Locatelli de la Galerie 127 qui a initié ce projet.
** Idée du livre
Lorsque Marie Moignard débute ses recherches en 2005 en Histoire de la Photographie à l’Université de la Sorbonne, elle ne connait que peu de choses sur les photographes marocains.
Mais en découvrant les images de Lamia Naji et Ali Chraibi , elle tombe sous le charme de ce regard inédit et a envie de donner la parole à cette vision photographique peu connue. Au départ, Marie Moignard ne souhaite témoigner que de la photo contemporaine mais elle se rend compte de l’importance de restituer la scène contemporaine dans le champ de toute l’histoire de la photo marocaine depuis le début du XXe siècle.
Pendant un an, elle rencontre des photographes, galeristes, critiques, cherche des archives mais en trouve très peu. Finalement se sont les témoignages oraux qui seront les plus précieux et aideront beaucoup à la rédaction de son DEA. Ses recherches sont la base aujourd’hui du livre « Une histoire de la photographie marocaine » qui sortira à l’automne 2010 en Librairie.
** Pourquoi ce titre, « Une histoire de la photographie marocaine » ?
Il s’agit encore de présenter l’évolution de la photographie marocaine dans toutes ses facettes depuis le début du 20ème siècle jusqu’à aujourd’hui.
Cette rétrospective de la photographie marocaine se fait sur fond d’une interrogation cruciale, celle de la marocanité de cette photographie; de ce qu’on peut présenter comme étant une photographie marocaine.
** Comment est née l’idée du livre et qui en sont les acteurs ?
Après son mémoire, les directeurs de son DEA, Françoise Ducros et Serge Lemoine avait laissé sous-entendre l’opportunité de publier ses recherches mais, prise par d’autres projets, Marie Moignard a laissé 3 ans passer avant de revenir vers la photographie marocaine.
Marie M : Nathalie est revenue vers moi lorsqu’ elle a su que la Galerie 127avait été sélectionnée pour représenter Le Maroc à Paris Photo et m’a proposé de profiter de cet événement pour y présenter la maquette du livre.
Nathalie L : « Puisque nous avions l’occasion de mettre en avant la création photographique marocaine, la présentation du livre parallèlement à l’exposition des travaux des artistes marocains était pour moi évidente.
Marie M : Nathalie confirme ainsi son implication au Maroc, en faveur de la stimulation d’un intérêt pour la photographie en général et pour la photographie marocaine en particulier. Elle l’a déjà prouvé en impulsant ce livre et en provoquant la rencontre entre Abdelghani Fennane et moi-même.
Nathalie L : Marie et moi-même comptons réaliser des expositions en parallèle avec le lancement du livre au Maroc, dans chaque grande ville du royaume. Le but est de créer une dynamique grâce à des rencontres et des projections et de permettre la découverte d’un patrimoine et d’une expression artistique négligés.
** Abdelghani Fennane, un apport critique sur le statut de la photo au Maroc.
C’est à travers une émission TV qu’Abdelghani Fennane a connu la Galerie 127. Cet enseignant-chercheur en langue et communication à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech s’était déjà intéressé à la photographie dans un chapitre qu’il a consacré au portrait photographique de l’auteur Abdelkébir Khatibi dans sa thèse de doctorat en littérature. Nathalie Locatelli a alors provoqué une rencontre avec Marie Moignard.
Abdelghani Fennane : Le texte de Marie est chronologique. Il présente l’histoire de la photographie au Maroc des débuts jusqu’à aujourd’hui. Retraçant son évolution, il essaie d’établir des découpages à l’intérieur de cette photographie par démarches artistiques, générations, thèmes… En parallèle de son texte, j’élabore une réflexion critique sur le statut de la photographie au Maroc. Ainsi plusieurs questions se posent: Pourquoi le Maroc a mis du temps pour parler de photographie ? Pourquoi cette ignorance ?
La problématique de l’identité étant centrale dans ce livre, ma réflexion consisterait aussi à trouver les associations et les interférences thématiques et esthétiques susceptibles de fédérer les travaux des photographes marocains autour de quelques lieux communs. La question sous-jacente étant : Y a-t-il un regard photographique marocain ?
Le but de ce livre est d’amorcer un discours critique sur la photographie marocaine et d’en faire la promotion. Il ne s’agit pas de parler de la photographie mais de parler à partir de la photographie. Se soumettre à la capacité suggestive de la photographie.
Ce qu’on espère finalement par ce travail, c’est rendre visible cette photographie et lui permettre aussi d’exister par le soutien via des institutions au Maroc; c’est d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur l’importance de cette photographie contemporaine et l’intérêt de sauvegarder les fonds photographiques anciens, comme étant un patrimoine d’une grande valeur.
** Pour plus d’informations :
Marie Moignard :
marie.moignard@gmail.com
moroccanphotography.over-blog.com
Galerie 127 – Nathalie Locatelli
127 bd Mohamed V
Marrakech – Royaume du Maroc
+212 6 61 33 99 53
nathalielocatelli@hotmail.com
www.galerienathalielocatelli.com
