Grandir dans l’obscurité

Cela fait quelques années que le photographe mozambicain Mario Macilau expose en Afrique et à travers le monde ses différentes séries en noir et blanc sur Maputo. Depuis longtemps, nous suivons son travail et apprécions ses images. Nous avons parlé plusieurs fois dans des articles généraux de ses photographies mais c’est la première fois que nous présentons plus en avant sa démarche à l’occasion de la sortie de son livre, Grandir dans l’obscurité, qui révèle le quotidien des enfants des rues.

C’est un travail mené entre 2012 et 2015 qui se concrétise par ce livre édité par les éditions Kehrer. Mario Macilau y documente, à travers une série d’allers retours, les histoires complexes et singulières d’enfants sans abris dans la ville de Maputo : « Il y a quelques années, j’ai commencé à travailler avec les enfants des rues au Mozambique, passer du temps avec eux pour comprendre leur réalité. Les photographies ne visent pas nécessairement à représenter ces enfants. Au lieu de cela, mon travail tente de leur donner une voix, à mettre en lumière leurs vies fugaces et fragiles. »
En noir et blanc, ce sont des images fortes et troublantes. Le photographe compose avec les enfants ses images. Un temps de pause dans leurs quotidiens comme des réponses aux représentations communes et galvaudées publiées dans les médias. Dans le livre, on retrouve ainsi des portraits de ces jeunes mais aussi des fragments de leurs décors, des objets qu’ils ont trouvé, autant de détails qui en révèlent des portraits évocateurs.

Comme l’explique Gabriela Salgado dans son interview de l’auteur : « Un lieu de repos au milieu des ténèbres publié dans le livre, Macilau fait usage d’un certain réalisme épique avec lequel il élabore de longs essais thématiques, dans lesquels différentes images ambivalentes d’une puissance saisissante, à la fois brutales et belles, hypnotiques et déchirantes, construisent une narration. Ses photographies documentent les conditions de vie en Afrique, le déséquilibre social, les désastres environnementaux et le gaspillage des ressources naturelles. Toutes ces problématiques accablent le quotidien de Maputo, sa ville de naissance où il continue de vivre aujourd’hui ».

Pour l’auteur, le but de ce livre est de laisser une trace, un héritage de son travail au delà d’une exposition éphémère. Partant du fait que peu de structures dans son pays mettent en avant les artistes locaux, afin de rendre visible les œuvres, le livre lui a semblé être le moyen le plus accessible pour ses concitoyens pour accéder à son travail, comme s’ils étaient des collectionneurs à part entière.

Son prochain projet, comme il l’explique à Gabriela Salgado s’intéressera à l’identité : « La ville de Maputo m’épuise et ferme mon esprit, puisque c’est rempli d’étrangers. Quand je suis là-bas je ne retrouve pas mon identité. Alors mon prochain projet portera sur l’identité, la culture, la tradition, la race et le style. Pour cela je vais aller hors de la ville, explorer le reste du pays. Je veux dédier mon temps à explorer et faire le portrait de mon peuple ».

A PROPOS DE L’AUTEUR


Mário Macilau est né en 1984, vit et travaille à Maputo, au Mozambique. Il se spécialise dans les projets à long terme qui mettent l’accent sur les conditions environnementales et sociales du Mozambique et de la réalité complexe de la marché du travail dans la région. Le travail de Macilau a été reconnu par des prix et à travers des expositions individuelles et collectives dans son pays d’origine et à l’étranger. Récemment, il a eu une exposition solo à l’Art Fair VOLTA à New York en 2016 et il a été l’un des trois artistes présentés au Pavillon du Saint-Siège à la Biennale de Venise 56e (2015).

A PROPOS DU LIVRE

Son galeriste londonien, Ed Cross, lancera le livre à la foire 1:54 à La Somerset House VIP Prog le samedi 8 octobre à 15h avec une discussion puis à Paris à la foire AKAA Art Fair en Novembre à Paris.

Livre designé par Christine Béroff, Kehrer Design

Textes par Gabriela Salgado, Mia Couto, Mário Macilau, Olivia Nitis, Roger Ballen, Simon Njami

180 pages

Anglais, Français, Portugais

ISBN 978-3-86828-639-7

Prix 49,90 Euro

© Mario Macilau
© Mario Macilau

© Mario Macilau
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© Mario Macilau
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© Mario Macilau
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