OUAGA CINÉS, La diffusion du Cinéma au Burkina Faso

Pour cette semaine, nous avions envie de nous tourner vers notre confrère, le 7ème art: le Cinéma.

© Aubert / 1D-photo
© Aubert / 1D-photo

Rencontré il y a quelques mois dans un festival, le réalisateur Gilles Cazaux nous avait parlé de son documentaire « Ouaga Cinés ». Un Reportage  consacré à la diffusion du cinéma au Burkina Faso, réalisé à Ouagadougou, lors du FESPACO en février 2005.

Parfois du point de vue du public, parfois de celui des exploitants de salle, « Ouaga Cinés » s’attache à dresser un état des lieux de la diffusion du cinéma africain. De nombreuses questions sont soulévées: Quels genres de films peut on voir en dehors des festivals tel que le FESPACO en Afrique ? Plutôt américain, Français ? Peut on voir beaucoup de films africains en Afrique ? Où et comment les films sont diffusés ?

Ce documentaire nous présente à la fois le circuit officiel de la diffusion du cinéma au Burkina Faso, mais aussi un circuit pas des moindres, le cicruit informel…  Chutt, maintenant, écoutez et regardez….


logo_01.jpgCo-réalisé par img_02.jpgGilles Cazaux et Églantine Chabasseur

Produit par Solimane Production

Diffusé sur TV5 MONDE , FRANCE Ô, RTBF

Sélectionné au festival « Premier Doc » du Mans 

** SYNOPSIS

À Ouagadougou, au Burkina Faso, la vie suit son rythme tranquille au son pétaradant des centaines de mobylettes qui sillonnent la ville. Une voix-off nous présente le rapport privilégié entre Burkina Faso et cinéma depuis l’Indépendance, en 1960. Des passants nous disent leur goût pour le septième art. Rodrigue Kaboré, exploitant du cinéma Neerwaya, mais aussi seul distributeur privé du pays, raconte les déboires de l’ancienne Société Nationale Cinématographique du Burkina et surtout son combat passionné pour que le cinéma en salle puisse continuer à exister. Le décor est planté. En allant à la rencontre de chaque étape du circuit de distribution du cinéma au Burkina Faso, on prend conscience de ses aberrations ou de ses innovations.

Programmer un film américain déjà rentabilisé sur son territoire, puis en Europe coûte moins cher que programmer un film africain. Pour obtenir des films français, le distributeur se heurte à mille et un obstacles, avec, en premier lieu, le préjugé qu’en Afrique, le public n’existe pas. Toutes les rencontres qui ont lieu dans le film démontreront le contraire. Les Burkinabés adorent le cinéma. Pour les exploitants de salle, le combat pour attirer la clientèle est pourtant permanent. Concurrencés par la télévision, mais surtout le Vidéo CD (VCD) et de son corollaire, le piratage, ils se battent donc pour faire de leur salle un véritable lieu de vie, catalyseur de l’atmosphère du quartier. Mais malgré leurs efforts, les alternatives à la diffusion en salle se développent, et permettent au plus grand nombre d’assouvir sa soif d’images. « A défaut de téter sa mère, on téte sa grand mère » dit le proverbe, et les alternatives, parfois totalement illégales, arrivent pour combler un manque. Il existe en effet peu de salles et les circuits de distribution de films étrangers sont figés, laissant une marge de manoeuvre de programmation très réduite aux distributeurs burkinabés – et un choix restreint au public.

Les vidéoclubs dans les quartiers, proposent de l’image de proximité : une télévision, quelques bancs, des films d’amour ou de karaté pour une somme modique. Par la suite, un vendeur de VCD piratés, dont le stand est en pleine rue, raconte ses allers-retours au Nigéria et ses combines pour échapper aux contrôles. Rodrigue Kaboré, explique avec véhémence tout le tort que ce commerce fait à sa salle de cinéma. Enfin, troisième alternative, celle du Cinéma Numérique Ambulant (CNA), présent au Burkina pour le Festival panafricain de Ouagadougou, qui apporte le cinéma africain dans les quartiers de la ville où les populations n’y ont pas accès. On suit le déroulement d’une séance CNA : liesse de l’arrivée et montage de la structure avec des dizaines d’enfants… Apparaît ainsi de plus en plus nettement la profonde soif d’image du public, qui, malgré de faibles moyens, veut voir des images qui lui ressemblent.

Alors quid de la diffusion des films africains en terre burkinabée ? Pendant la semaine du festival Panafricain de Ouagadougou, qui a lieu tous les deux ans depuis 1969, le cinéma du continent est à l’honneur, mais entre deux festivals, les films africains sont rarement à l’affiche nous explique Baba Hama, le directeur du festival. En effet, ce cinéma « est vu à 90% sur les écrans du Nord » nous dit Paul Charlemagne Coffie de l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie. Cette diffusion est pourtant appuyée par différents programmes comme Africa Cinémas qui conditionne les subventions à la programmation de films africains. L’opération Cinéma Numérique de l’AIF, veut préserver la filmographie africaine en transférant les bobines 35 mm en DVD, afin de relancer une nouvelle économie de la production puis de la diffusion.

Le Cinéma Numérique Ambulant, dans sa volonté de diffuser des films africains, apparaît comme une alternative de fond, qui permet aux populations de se réapproprier sa culture et d’ « apprendre beaucoup de choses sur l’Afrique » nous dit un sculpteur sur bois.

Ouaga Cinés fait un état des lieux de la diffusion du cinéma au Burkina Faso, et de ses circuits de distribution formels ou informels, communs à toute l’Afrique de l’Ouest francophone. Pendant le film, on part à la rencontre de la ville de Ouagadougou et de ses habitants, et on partage des moments de vie forts, ou quotidiens des Burkinabés. En effet, au-delà de la question de la diffusion cinématographique, le documentaire brosse un portrait de la société burkinabé contemporaine : volontaire, militante, engagée, débrouillarde, en prise avec ses propres réalités et assoiffée d’images et de représentation de soi.

** FILM 

Ouaga Cinés – bande annonce

envoyé par GillesCazaux

Ouaga Cinés – film

envoyé par GillesCazaux