Rencontres de Bamako 2011 – édition du 4 novembre

Bannière Journal BKO Afrique in visu
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edito
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par Jeanne Mercier

Le jour du mariage n’est pas que le dimanche à Bamako comme les amateurs des chanteurs maliens Amadou et Mariam, peuvent le penser. Le jeudi aussi est un grand jour de fêtes et de mariages….
Pour les photographes la fête, hier, jeudi 3 novembre 2011, se tenait au Musée National du Mali où ils sont venus nombreux rencontrer les professionnels pendant les lectures de portfolio et échanger autour de la problématique des archives photographiques et du projet Mali archives Photo ou encore autour des printemps arabes.
Après deux jours à voyager en bus dans la ville de vernissage en vernissage comme l’explique notre invité du jour, la photographe Ymane Fakhir, le moment était venu de confronter les regards .

Pendant ce temps le OFF inaugurait l’exposition, 50 ans d’indépendance à l’ambassade du Burkina Faso, regards croisés de 15 photographes du Burkina et d’Europe sur le Burkina d’aujourd’hui.

La soirée fut longue et festive, entre projections de films en plein air dans le jardin du Musée, en grignotant un repas maliens agrémenté de brochettes, d’alocos et sucreries à la gargote du Musée et la nuit au Blonba à danser du balani avec Nèba Solo.

Aujourd’hui vendredi 4 novembre, s’annonce être une grande journée pour les photographes puisqu’elle se clôturera par la remise des prix tant attendue.

Et c’est la journée des ateliers! En effet tout au long des deux ans qui séparent les différentes éditions de la biennale, des ateliers sont mis en place en écho et dans la dynamique des Rencontres de Bamako.
De 15 h à 16h 30 à la cinémathèque du Musée National du Mali, 3 workshops seront présentés : celui de Bamako avec Ananias Leki Dago et les photographes maliens participants, celui de Brazzaville avec plusieurs photographes du Collectif Elili,Abdoulaye Barry et Rodrig M’bock, celui d’ Accra avec deux photographes ghanéens,Nana Kofi Acquah, Nyani Quarmyne .
Ces ateliers permettent à la fois aux photographes de se rencontrer, de collaborer et de se perfectionner. Certains d’entre eux ont ensuite été sélectionnés pour les Rencontres comme Francis Kodia et Nyani Quarmyne.

Le soir, deux autres ateliers menés en Haïti seront mis à l’honneur dès 22h dans le célèbre bar le Bla Bla à Hippodrome avec Valérie Marin Meslée et Giscard Bouchotte dans le cadre du off de la 9ème Edition de la Biennale Africaine de la photographie à Bamako.
Ces deux ateliers photos se sont tenus à Port-au-Prince et à Jacmel pendant les mois de septembre et octobre 2011, afin de soutenir des photographes émergents en Haïti. Chaque atelier initiés par Chantiers du Sud a accueilli 10 photographes sélectionnés par les photographes David Damoison et Henry Roy

Juste avant la projection, signature du livre « Novembre à Bamako » entre 20h et 22H au Bla Bla.

Bon voyage à Bamako!

focus
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par Olivia Marsaud

Auprès de mon arbre, portrait de Khalil Nemmaoui

Exposition panafricaine au Musée National du Mali

Khalil Nemmaoui n’aime pas les ciels bleus. Parce que les ciels bleus, ça fait trop carte postale. Voilà un photographe qui fuit l’exotisme de pacotille comme on fuirait la chaleur écrasante de midi. Et qui va à la rencontre de l’orage, des ciels chargés de promesses de pluie (il travaille au Maroc en hiver et à l’automne surtout), de la terre qui vient d’être semée. Sa série, La Maison de l’arbre, respire le calme mais aussi l’attente, le questionnement.

Khalil Nemmaoui, série « La maison de l’arbre », 2009 © Khalil Nemmaoui
Khalil Nemmaoui, série « La maison de l’arbre », 2009 © Khalil Nemmaoui

« Le thème de l’environnement est un prétexte pour montrer des choses que j’ai mis 20 ans à voir et que j’ai même rejeté pendant longtemps », explique-t-il. « J’ai vécu en France à plusieurs périodes et plus j’étais loin de chez moi, plus que voyais les choses au Maroc avec un œil neuf, à la fois extérieur et intérieur. »

Pendant vingt ans, il passe par différentes phases, de la photo humaniste au portrait, se cherche. En 2007, il décide de photographier des arbres, isolés, dignes, des paysages sans êtres humains mais qui en portent les traces. Pour mettre en lumière la corrélation entre ce qui pousse et ce qui se construit. Qui était là en premier ? L’arbre ou la maison ?
« Je me promène en voiture et je m’arrête. Souvent, je passe devant des endroits qui seraient photographiables mais il me faut un certain état de prédisposition assez ingérable… Je pense que c’est une question de lumière. C’est la lumière qui m’attire, m’interpelle et qui fait que je m’arrête. »
Il utilise aussi indifféremment un Hasselblad porte-bonheur daté de son année de naissance, 1967, qu’un numérique. « Je n’ai pas de contraintes techniques. Ça dépend de l’inspiration du jour et je n’ai aucun fétichisme pour le matériel. » Il émane de ses images un calme trompeur, une violence cachée qui en devient paisible. « Pour moi, cette série est celle qui m’a le plus ouvert les yeux sur mon travail. J’ai pratiqué le portrait pendant 20 ans et là, ce que je fais, ce sont des portraits d’arbres en fait… »


par Perrine del Jesus

Le OFF : effervescence au CFP

Le cadre de promotion pour la formation en photographie (CFP) de Bamako occupe depuis plusieurs biennales le terrain du OFF des Rencontres Africaines de la Photographie.

L’association propose des cycles de formation pour les personnes désirant s’initier à la photographie dans la capitale malienne. Depuis deux ans maintenant, le CFP s’est orienté vers un type de photographie peu présent en Afrique : la photographie commerciale. Avec le titre de « photographie conceptuelle commerciale », le CFP a développé une formation qui vise la production d’images à caractère commercial. Ces images sont ensuite vendues via des banques d’images en ligne. Derrière le titre un peu pompeux de PCC, le CFP et ses photographes souhaitent mettre en avant une image positive de l’Afrique. Ils se donnent pour mission d’alimenter les banques de données internationales en images différentes des visions auxquelles les occidentaux en particulier sont habitués, à savoir celles de la misère, de la famine et de la guerre.

Vernissage du CFP © Seydou Camara
Vernissage du CFP © Seydou Camara

C’est dans ce cadre que le CFP propose une sélection d’images de ses élèves en formation et de ses anciens élèves, intitulée « Smile ». Derrière ce titre évocateur, on trouve tout simplement des portraits de gens qui sourient. Cela peut paraître simpliste ou banal, néanmoins le pari est réussi par rapport aux objectifs de la PCC : pour s’en rendre compte, un petit jeux, rendez-vous sur les sites des banques d’images et comptez combien vous trouvez de photographies d’africains qui sourient et qui ont l’air heureux…

Le maître mot de l’exposition, la joie, est aussi le maître mot de l’équipe du CFP. En effet, on peut dire que le CFP est un des rares lieux de la biennale ouvert sur le public du quartier, et où l’on peut s’amuser. Le vernissage est un lieu de réjouissance populaire, au sein duquel le CFP réussit le pari de rassembler des officiels comme le quidam de la rue d’à côté, curieux de pénétrer le lieu et de voir ce qui s’y passe.
Les visiteurs sont nombreux, ils sont joyeux aussi. Le CFP a ouvert ses portes avec une animation musicale, des projections en plein air dans la rue, des amuse-gueules typiquement maliens et délicieux, et l’on peut même se faire prendre en photo dans le studio installé pour l’occasion sur le côté de la maison. L’exposition de photos est accompagnée d’un reportage vidéo diffusé sur ordinateur, dans lequel on peut voir un photographe de studio venu se former au CFP, expliquant sa passion de la photographie et son choix de vie. On peut également échanger avec les élèves du CFP, facilement reconnaissables à leur appareil accroché de manière permanente autour du cou et arborant fièrement le t.shirt du OFF. Bref, de quoi passer un bon moment et rentrer chez soi le sourire aux lèvres.

Vernissage de SMILE – Un autre regard sur le Mali (élement du journal de 12h de la radio nationale du Mali chaîne 2)

Arret sur Images
Arret sur Images

(à gauche) Sculpture Installation de bus Malien dans les jardins du Musée National.  / (à droite) Un Bus d'école mis à disposition pour transport des équipes. © Sophia Baraket
(à gauche) Sculpture Installation de bus Malien dans les jardins du Musée National. / (à droite) Un Bus d’école mis à disposition pour transport des équipes. © Sophia Baraket

Salle de Presse des Rencontres avec les publications du jour © Sébastien Rieussec
Salle de Presse des Rencontres avec les publications du jour © Sébastien Rieussec

lecture de portfolio avec Elise Atangana © Sébastien Rieussec
lecture de portfolio avec Elise Atangana © Sébastien Rieussec

lecture de portfolio (Raymond Dakoua et Marcia Chandra - Majority World) © Sébastien Rieussec
lecture de portfolio (Raymond Dakoua et Marcia Chandra – Majority World) © Sébastien Rieussec

lecture de portfolio (Raymond Dakoua et Marcia Chandra - Majority World)© Sébastien Rieussec
lecture de portfolio (Raymond Dakoua et Marcia Chandra – Majority World)© Sébastien Rieussec

Projet Mali Archives photo © Sébastien Rieussec
Projet Mali Archives photo © Sébastien Rieussec

Burkina Faso - 50 ans d'indépendance à l'Ambassade du Burkina (Warren Sare et l'Ambassadeur du Burkina) © Sébastien Rieussec
Burkina Faso – 50 ans d’indépendance à l’Ambassade du Burkina (Warren Sare et l’Ambassadeur du Burkina) © Sébastien Rieussec

Burkina Faso - 50 ans d'indépendance à l'Ambassade du Burkina © Sébastien Rieussec
Burkina Faso – 50 ans d’indépendance à l’Ambassade du Burkina © Sébastien Rieussec

Burkina Faso - 50 ans d'indépendance à l'Ambassade du Burkina © Sébastien Rieussec
Burkina Faso – 50 ans d’indépendance à l’Ambassade du Burkina © Sébastien Rieussec

Le gérant du BlaBla en scène. © Sophia Baraket
Le gérant du BlaBla en scène. © Sophia Baraket

invite
invite

Ymane Fakhir

Nous nous sommes installés confortablement dans notre bus qui nous emmène au vernissage de l’exposition From de edge to the core de Francis Nii Obodai à l’INA. Il est midi, sous un soleil de plomb, la ville s’agite.

Dans le bus et dans la fraîcheur de la climatisation, le chauffeur et l’accompagnatrice allument le poste radio, nous ne comprenons pas la langue, mais l’émission semble les réjouir, ils rigolent.

Dehors, ça klaxonne et la ville ne cesse de se remplir. Notre bus est pris par cette spirale de la circulation et n’avance guère. Des paysages, des monuments, des bâtiments, des jardins. Nous, nous sommes impatients, et nous voulons que le bus arrive enfin.

Les mini bus taxi, appelés sotrama, slaloment et nous dépassent. Les gens sont entassés tout en couleur, les vitres n’existent plus et la porte est grande ouverte. Appel d’air.

© Ymane Fakhir
© Ymane Fakhir

Ymane Fakhir est née en 1969 à Casablanca, au Maroc, où elle a grandi. Elle vit et travaille à Marseille depuis 2000. Elle est engagée dans une pratique de la photographie qui croise des procédés documentaires et des incursions fictionnelles. Ses oeuvres ont fait l’objet d’expositions en France et à l’international, notamment Africa Remix (2004-2007). Son travail s’inscrit dans un territoire extensible qui tâche d’élaborer des passerelles entre la France et l’aire méditerranéenne, en particulier le Maroc.

www.galerieofmarseille.com