Nous voilà au terme d’une belle collaboration franco-ivoirienne qui s’est centrée sur une question essentielle : «Quelle jeunesse ivoirienne à l’heure du processus de sortie de crise ?» .
Pour tenter de répondre à cette question, il nous fallait vivre avec cette jeunesse. Celle du nord et du sud. La jeunesse chrétienne comme la jeunesse musulmane. Les universitaires comme les analphabètes. Les citadins comme les villageois.
Pendant quarante jours environ, nous avons parcouru les grandes villes du pays pour comprendre les origines de la guerre, la vie actuelle des jeunes mais surtout partager leurs projets pour demain. Mieux, leurs espoirs.
Ce voyage nous aura permis de ressortir les clichés exacts sur la cohabitation entre ces jeunes. «En Côte d’Ivoire, il n’y a pas d’opposition entre jeunes du nord et ceux du sud. Il n’y pas de conflits entre les jeunes chrétiens (catholiques, protestants, évangélique…) et jeunes musulmans» , nous confiait un responsable des Forces nouvelles (ex-rébellion). Ce dernier est originaire de la région du président actuel ivoirien.
Selon plusieurs témoignages entendus ça et là, la crise ivoirienne a des origines lointaines et multiples. Portant, elle touche (gravement) la population ivoirienne d’aujourd’hui. Une population qui est en majorité jeune. «Le chômage, la baisse du taux de réussite aux examens, la corruption, l’avancée du Sida et de l’analphabétisme dans certaines zones du pays, la drogue, la prostitution etc.», sont les maux qui meublent le quotidien des jeunes ivoiriens.
Pourtant, ceux-ci croient au chemin de la paix qui a été tracé depuis le 4 mars 2006 avec l’Accord Politique de Ouagadougou. «Nous espérons que cette fois-ci c’est la bonne» , nous a rétorqué une jeune Abidjanaise.
Aussi la jeunesse ivoirienne, parce qu’elle croit que la guerre est pratiquement finie et que l’on tend vers des élections, se prépare au challenge de demain.
Challenge politique. Et pour cela, les jeunes sont de plus en plus engagés dans la politique et constituent une force pour les partis politiques de Côte d’Ivoire. Challenge économique. Ils veulent désormais se prendre en charge. «On s’organise comme on peut par des petits métiers en attendant d’avoir du boulot», précisait Timothée, un gérant de cabine cellulaire.
Challenge social. Les jeunes sont déterminés à changer l’image de la Côte d’Ivoire. «Il est impossible qu’en Côte d’Ivoire on assiste à des affrontements ethniques ou tribaux. Il y a quand même soixante ethnies» , affirme un haut cadre du pays. «En plus désormais, avec les jeunes d’aujourd’hui on assiste à des mariages interethniques ou interreligieux qu’on ne pouvait même pas imaginer dans les années 60» , ajoute t-il.
La jeunesse ivoirienne, c’est désormais le regard vers l’avenir. Un avenir plus démocratique, un avenir avec des opportunités d’entreprenariat. Un avenir de paix et de prospérité pour les générations futures.
Yoro
Nous sommes à la fin de cette première version d’une chronique ivoirienne riche en rencontres et en négociations.
Ces chroniques nous ont permis d’aborder différentes thématiques à travers la jeunesse ivoirienne.
Nous espérons pouvoir dans un futur proche, approfondir ces thématiques sur un temps plus long. Le temps et les contacts officieux sont deux caractéristiques qu’il faut maitriser pour travailler sur le quotidien des jeunes ivoiriens.
Etre français et photographe en Côte d’ivoire n’est pas une mince affaire. Malgré tout, nous disposons maintenant d’un réseau de contacts du nord au sud qui nous donne envie de continuer à décrypter la Côte d’Ivoire à travers sa jeunesse et cela en attendant les élections présidentielles. Qui auront lieu dans 2 ans au moins…
Camille Millerand