En préparant un voyage de trois mois en Ethiopie, j’ai lu le livre « La porte des larmes, retour vers l’Abyssinie » de Raymond Depardon et Jean-Claude Guillebaud (Editions du Seuil, 1996), qui a inspiré mon intérêt pour ces vieux hôtels éthiopiens.
Dans les années 1950, plusieurs hôtels gouvernementaux seront construits en Ethiopie. Deux chaînes rassemblent la plupart de ces hôtels: Ghion et Ras.
Erigés durant le règne de Hailé Sélassié (de 1930 à 1974), dans le cadre d’une intention de modernisation de l’Ethiopie – Hailé Sélassié cherchant alors à briser les vieux conservatismes abyssins grâce à l’introduction d’une constitution écrite et à la création d’un parlement, à la mise en place d’un système judiciaire indépendant et abolition de l’esclavage, d’un programme de scolarisation…) -, ces hôtels deviennent à la fois un bâtiment central de la ville et un lieu de rencontre pour tous les officiels et les voyageurs.
Aujourd’hui ces hôtels évoquent le charme désuet des années 50, donnant le sentiment que « le temps s’est arrêté »…
Par manque de moyens, ils n’ont pas été « modernisés », rénovés. Tout date d’il y a une soixantaine d’années; les grands salons majestueux d’antan arborent aujourd’hui des murs décrépis avec de vieux fauteuils, souvenir d’un luxe ancien. Le personnel est vêtu d’un uniforme démodé mais adopte toujours des attitudes guindées.
Les sanitaires sont souvent devenus obsolètes, voire hors d’usage dans certains cas. Les chambres se ressemblent: lit exigu, commode, mobilier simple et impersonnel
Ce sont des lieux statiques, comme suspendus au temps et à l’espace. Dans mes photos j’ai essayé de le faire transparaître en photographiant des objets simples, des ombres, des reflets, des signes discrets de vie, de présences.
Je me suis installée dans la lenteur de ces vieux hôtels pour capter des détails furtifs apparemment anodins, mais qui suggère l’atmosphère « hors du temps » de ces lieux.