Métier de photographe : suivez le guide Alioune Bâ !

verticalité épure © Armelle Razongles
verticalité épure © Armelle Razongles
Le Mali, Bamako…

Ville et même pays totalement inconnus !

Pourtant, Je décide d’y partir pour faire mon stage de première année en tant que praticienne photo de l’ETPA de Toulouse.

De fil en aiguille, je prends contact avec Alioune Bâ, photographe Malien. L’accueil qu’il me réserve et la relation privilégiée que nous établissons prolonge la durée de mon stage.

Alioune me parle de lui, de sa façon de photographier. Il me parle sans trop m’en dire, il me confronte sans trop me laisser seule… Il sait que je suis là pour apprendre, apprendre de lui. Cependant, plus qu’une pratique, c’est une réflexion photographique qu’il cherche à me transmettre.

Il me fait travailler sur divers sujets photographiques : je dois effectuer des photos lors d’une cérémonie de mariage, partir en reportage au Pays Dogon ou encore mener un stage d’initiation à la photographie avec un petit groupe d’enfants. L’apprentissage ne se fait pas que dans la pratique mais également à travers les rencontres : c’est ainsi qu’Alioune me présente à de nombreuses personnes qui travaillent autour de la photographie ; il estime que je dois apprendre de tous !

Le premier dimanche après mon arrivée,je pars avec un collègue d’Alioune que pour aller assister à un mariage. Encore peu novice, j’observe et je m’interroge. Il faut d’abord que je trouve ma place. Le photographe « officiel », lui, se place là où il faut, plus ou moins au centre. Moi, je n’ose pas, reste en retrait et adapte ma photographie ! Ce qui retient le plus mon attention sont les danses des femmes et la force des musiciens. Une image que je dois faire! Je décide d’arrêter le geste de l’un d’eux. Je me focalise sur les mains, symbole fort/ représentatif de ce moment. Je me souviens alors que La place de l’arrière-plan et du plan principal fut l’un des premiers sujets de discussion de ma semaine passée, je décide donc d’y veiller pour cette photographie. Cette image est pour moi représentative de mon début en tant que réelle photographe; en effet, j’ai pensé ma photo !

partage de mil © Armelle Razongles
partage de mil © Armelle Razongles

Pour mon second travail photographique, c’est au pays Dogon qu’Alioune m’envoie, accompagnée d’un jeune villageois. Sa sympathie et l’amitié que nous établissons me permettent de découvrir son village et de m’y faire accepter plus facilement. Un matin, alors que nous nous baladons, une femme nous fait entrer chez elle : elle veut que je goûte la bouillie de mil fraîchement préparée. Je m’exécute et fais passer la calebasse encore pleine à un enfant juste à côté. Ce goût tout nouveau pour moi et cet enfant qui tient le fond de bouillie, : je tiens ma première photo ; il me regarde, une seconde photo ! Je comprends qu’il est curieux de se voir sur l’écran et lui montre donc. Il rit, sa mère me remercie de ça !Un moment de partage.
décolleté © Armelle Razongles
décolleté © Armelle Razongles

Quasiment chacune des photos réalisées lors de cette petite semaine dans cet ailleurs, s ‘accompagne d’une anecdote. Chaque image a été guidée par une discussion, une écoute, un sourire ou encore une participation de ma part aux tâches collectives. Peut-être qu’il s’agit là de ce qu’est vraiment la photographie ! On ne photographie pas « dans le vide » mais bien en connaissant ce dont on veut parler…

Lors de ce stage, en quelques semaines seulement, ma pratique a totalement changé. Je « pense » la photo avant de la faire. Mais surtout j’ai découvert qu’il est essentiel de savoir ce que l’on photographie ; d’où l’importance de s’intégrer ! Alioune Bâ m’a aidée à cela, ses collègues, d’autres photographes maliens, sans oublier les résidents eux mêmes, qui ont grandement participé à cette immersion … Peut-être aurais-jepu avoir ce « déclic » en France, mais, le fait d’être en Afrique me motivait et me donnait plus d’inspiration. Une envie de montrer les choses, d’autres choses…

instant féminin © Armelle Razongles
instant féminin © Armelle Razongles

appel dans le sable © Armelle Razongles
appel dans le sable © Armelle Razongles