Le 9 mai s’est ouverte la 22ème biennale de photographie de Thessalonique qui se tient au Musée de la photographie. Cette année le thème du festival est Logos qui signifie la Parole concluant la dernière partie de la trilogie « Topos (2008), Chronos (2011), Logos (2014) ». A travers toute la ville, on peut découvrir plus de 1000 photographies, réalisées par 100 photographes grecs et photographes étrangers de 23 pays différents. La biennale Logos explore les frontières entre l’imaginaire et le réel ainsi que l’extension des limites de la pratique photographique.
Dans cette dernière, on peut voir un extrait du très beau travail de la photographe marocaine Carolle Benitah « Photos souvenirs ». A travers huit images des séries l’enfance ( 2009) et l’adolescence (2012), l’auteur revient sur ses souvenirs et sa mémoire.
C’est en fouillant dans les boites et albums de famille, qu’elle a exhumé ses images la représentant ainsi que ses proches. Photo après photo, elle a choisi des clichés instantanées, des moments passés, perdus. Puis elle les a numérisés pour intervenir sur des reproductions parfois entières, parfois recadrées. « J’ai décidé d’explorer la mémoire de l’enfance parce que cela me permet de comprendre qui je suis et de définir mon identité aujourd’hui. » raconte-t-elle dans un article sur Lensculture.
La dernière étape consiste en un travail d’aiguille : la broderie et le perlage. Cette série est intime, tous les actes de l’auteur sont en relation avec son histoire familiale : « La broderie est étroitement liée au milieu où j’ai grandi. On apprenait aux filles de bonnes familles à coudre et à broder. C’est l’activité réservée aux femmes parfaites. Ma mère a brodé son trousseau. ».
A travers ces jeux d’aiguilles, Carolle Benitath réinterprete sa vie, ce que l’on avait projeté pour elle. Elle nous raconte sa version et sa vision de ces deux moments de sa vie. Les fils rouges servent de trame pour l’enfance, le noir pour l’adolescence et le doré pour l’âge adulte. Ainsi en brodant sa vie, elle crée une nouvelle imagerie déjouant ses peurs passées et en mettant à jour les représentations culturelles du rôle traditionnel de la femme.
Prochainement, on découvrira des images plus récentes la troisième partie de cet opus : l’âge adulte.
Information
Exposition jusqu’ au 30 juillet 2014
On peut aussi retrouver Carolle Benitah dans une exposition collective à Marrakech à la galerie 127
Site de Carolle Benitah : www.carollebenitah.com
Cet article a été publié le 21 mai 2014 dans l’Oeil de la photographie