Il est 10h ce mardi matin sous un vent frais d’harmattan quand nous arrivons à Treichville, un quartier tranquille d’Abidjan . Quelques coups de fil, 5 minutes d’attente et voila que se présente à nous, un jeune homme, grand de taille, le sourire aux lèvres. « Je suis Bayala Anicet Michael » . Les présentations faites, il nous conduit chez lui.
Son père est décédé il y a 2 ans et la famille nombreuse vit répartie dans différentes maisonnées autour de la cour où tous se partagent les toilettes.
Pouvez-vous vous présenter ?
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Très tôt, Anicet a voulu prendre sa liberté. Il loue, toujours dans la même cour, un deux-pièces. C’est l’une de ces pièces qui lui sert de lieu de travail.
“Je suis pâtissier-cuisinier à domicile. Un métier que j’ai appris à aimer au coté de mon père qui était lui même un pâtissier réputé” . Malgré les réticences de son père qui aurait préféré qu’il continue ses études, à 18 ans il se lance dans le métier. Non sans que son père lui fasse comprendre qu’il n’aura pas les moyens de lui payer une formation.
Décrivez-nous l’endroit où vous vivez
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Pourquoi la pâtisserie ?
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Parlez-nous de votre métier
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Loin d’être découragé Anicet va se faire la main dans plusieurs lieux de restauration de la place jusqu’au jour où il pense pouvoir voler de ses propres ailes et se mettre à son compte. Son handicap majeur : les moyens financiers et matériels pour débuter.
Plutôt qu’une couteuse boutique, il travaille à domicile et aujourd’hui même des clients des quartiers aisés lui passent commande. Il peut ainsi gagner jusqu’à 150 000 CFA/mois ( $300/mois soit $10/jour) quand tout va bien. Un gâteau à la crème coûtant 8000 CFA ($16) lui rapportera 2000 CFA ($4) pour une demi journée de travail.
Pourtant tout n’a pas été simple: « pour trouver les clients, il a fallu au début que je prenne des risques et que je confectionne des gâteaux démonstration pour les proposer à des clients potentiels qui ne me prenaient pas au sérieux du fait de mon jeune âge. Ils étaient en fait nombreux qui pensaient que l’album que je leur présentais n’était pas de moi » .
Quelles difficultés avez-vous affronté ?
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Combien gagnez-vous ?
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Pendant que nous discutons, Ulrich son jeune frère de 25 ans qu’il a pris en apprentissage depuis quelques mois, assiste les étapes de préparation du gâteau et répond aux appels. D’ailleurs, le week-end dernier Anicet lui a confié la réalisation de sa première commande et en a profité pour passer le dimanche à la plage, un loisir dont il avait du se priver pendant les périodes de vaches maigres de ses débuts.
Anicet est célibataire et sans enfant. Il vit avec un ami, et la plupart de ses 9 frères et sœur travaillent. Il n’est donc responsable financièrement que de lui-même ou presque. Il ne se considère donc pas comme pauvre : “Chaque matin, je me réveille avec au moins 2000 F CFA ($4) en poche pour subvenir à mes besoins de la journée” . Plutôt comme faisant partie des couches intermédiaires donc car il est conscient qu’avec une famille ses ressources n’y suffiraient pas et qu’il ne fait pas partie de la haute bourgeoisie qui habite les quartiers huppés, dispose de maisons de luxe, de voitures derniers cris et de divers biens matériels.
L’avenir, Anicet y pense. Il entend un jour quitter sa cour commune de Treichville pour s’installer dans une pâtisserie digne de ce nom à Abidjan ou à Ouagadougou car sa famille est d’origine burkinabé. Pour lui, ce rêve passe forcément par l’exil en Europe pour passer un diplôme. Mais un exil à la régulière, pas de manière clandestine. “Il me faut un diplôme dans ma vie” ajoute-il d’un air très engagé. Pour cela, il fait des économies pour mieux préparer son aventure.
Texte de Mohamed Fofana Dara, journaliste à BBC Afrique
Pensez-vous faire partie de la classe moyenne ?
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Avez-vous pensé à émigrer ?
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