Cap sur la cité U Mermoz

banniere_chroniqueivoirienne2_03.jpg
Incursion dans le cité « Mermoz ». Une petite cité dans laquelle où du haut des toits on peut apercevoir une chambre-marché, des étudiants musulmans en prière (pour la tabaski) et un bâtiment relooké par ses résidents…

VISITE GUIDEE | Sur « la dalle »-Vue du haut de Mermoz

Cité Mermoz ( Cocody). Il est presque 18h ce jeudi. Le soleil tend vers sa couche, laissant ainsi transparaître toute la beauté de son orange reflet des soirs tropicaux. Pour cette visite, deux jeunes étudiants nous servent de guides. Nous montons donc les escaliers qui conduisent au quatrième étage, dernier niveau des bâtiments. Là, nous empruntons une sorte de conduit d’accès pour nous retrouver quelques instants plus tard sur le toit où nous trouvons, à notre grande surprise, des étudiants en pleine méditation. «  Ils se sont retirés pour prier…c’est comme ça souvent», explique l’un de nos compagnons. En effet, la douceur du vent, l’atmosphère  calme et la passibilité du coin se prêtent fortement à ce genre d’activités.

Pour cette visite, deux jeunes étudiants nous servent de guides. Nous montons donc les escaliers qui conduisent au quatrième étage, dernier niveau des bâtiments. Là, nous empruntons une sorte de conduit d’accès pour nous retrouver quelques instants plus tard sur le toit où nous trouvons, à notre grande surprise, des étudiants en pleine méditation. «  Ils se sont retirés pour prier…c’est comme ça souvent», explique l’un de nos compagnons. En effet, la douceur du vent, l’atmosphère  calme et la passibilité du coin se prêtent fortement à ce genre d’activités.

Ainsi silencieusement, nous entamons une petite ballade sur ce grand espace dur, couvert de goudron et d’une large couche d’aluminium. De notre position nous apprécions mieux l’architecture de la cité. L’on peut y voir deux types de construction : des bâtiments (que les étudiants appellent la ville) et des maisons basses (les villas). Fait remarquable : les bâtiments (sept au total) sont tous reliés de sorte que l’on peut se rendre d’un bout à l’autre sans grande difficulté. Quant aux villas, au nombre de treize, elles sont séparées les unes des autres. Face aux villas, des bâtisses ont été construites. Celles-ci disposées régulièrement, servent de toilettes et salles de bain. Nous pouvons aussi voir les  habitants vaquer à leurs occupations : sport, échanges, balades… le traintrain quotidien en quelque sorte. Nous, nous poursuivons notre petite visite le temps de quelques pauses puis c’est le retour car le crépuscule avance à grandes enjambées.

Vue du toit de la cité Universitaire Jean Mermoz d'Abidjan. © Camille Millerand
Vue du toit de la cité Universitaire Jean Mermoz d’Abidjan. © Camille Millerand

(en haut) Vue du toit de la cité Universitaire Jean Mermoz d'Abidjan. / (en bas) Le toit de la Cité Universitaire J.Mermoz est un lieu de méditation et de tranquilité pour plusieurs étudiants. © Camille Millerand
(en haut) Vue du toit de la cité Universitaire Jean Mermoz d’Abidjan. / (en bas) Le toit de la Cité Universitaire J.Mermoz est un lieu de méditation et de tranquilité pour plusieurs étudiants. © Camille Millerand

ACTU | « Aïd-el-Kebir » avec la CEEMUCI

Vendredi 26 novembre 2009. La communauté musulmane de Côte d’Ivoire célèbre l’ «Aïd-el-Kebir » (la grande fête en arabe) plus connu sous le nom de  Tabaski. Une célébration dont la Communauté des Elèves et  Etudiants  Musulmans de Côte d’Ivoire (CEEMUCI) n’a pas voulu être en reste, elle qui revendique « un islam orthodoxe c’est-à-dire le retour à un islam strict et originel ». Aussi, a-t-elle tenu à marquer ce jour saint par une célébration particulière en son siège provisoire, situé au sein de l’Université de Cocody.

Une prière matinale…

Il est 8h lorsqu’arrivent les premiers fidèles. Parés de beaux boubous sortis sûrement pour la circonstance, ils se dirigent, après quelques salutations, vers la grande place aménagée  pour la prière. « Il y aura deux prières ; celles de tout à l’heure par rapport à la fête, et l’autre à midi, puisqu’aujourd’hui, c’est vendredi…Il y aura donc deux sermons », précise  Aboubacar, l’un des responsables nationaux du groupe.

8h46min. Arrivée de l’imam qui, après les salutations d’usage, se retire presqu’immédiatement dans une pièce servant de bureau. « Il va réviser son sermon », apprend-t-on.

Conduite par un imam alliant savamment instruction et spiritualité !

L’imam, un homme à l’apparence sobre, et surtout très respecté, est chargé de conduire les deux moments de prière qui auront lieu ce jour. C’est dire toute la concentration et l’énergie dont il a besoin. Ses autres collègues, au nombre de trois, sont à La Mecque dans le cadre du pèlerinage. Etudiant, il est titulaire d’une maîtrise en Droit et Licencié en Lettres.

Lorsqu’à 9h15min, on annonce son arrivée, tous se disposent ; les retardataires, eux, se pressent…Il arrive, précédé par ses effets. Quand il approche le lieu de la prière, tous, sans exception se lèvent ; il prend place. La prière peut commencer.

Dix minutes. C’est le temps que dureront les différentes invocations. Puis, l’Imam ABBAS monte sur la chair pour lire son sermon , sermon qui durera 40 minutes, le sermon ayant été lu en français et en Dioula (langue locale de Côte d’Ivoire). La prière peut prendre fin. Séance tenante des friandises sont distribuées. « C’est la rupture du jeûne », nous explique Aboubacar. « Tout à l’heure, il y aura le petit déjeuner, mais avant, nous allons procéder à l’immolation, symbole du sacrifice d’Abraham… », raconte-t-il.

La CEEMUCI n’a pas fait dans la dentelle. Un mouton et un bœuf seront immolés en guise de sacrifice. « Le bœuf, c’est un don de partenaires saoudiens…d’ailleurs, les voilà avec le Président ! », ajoute Aboubacar. Effectivement, nous les apercevons. Dans un style vestimentaire leur est propre, ils sont aisément identifiables. Accompagnés du Président de la CEEMUCI, il s’avance pour assister à l’immolation du bétail du sacrifice.

Une immolation difficile

Le bœuf semble énervé. Tous décident alors d’immoler premièrement le mouton, le temps qu’arrivent les Peulhs (bergers nomades originaires du Mali) à qui l’on a fait appel. Très rapidement, il est immobilisé et on assiste au premier sacrifice. Reste celui du bœuf.

Les Peulhs tardent. L’impatience gagne la quinzaine de jeunes « mobilisée » pour l’occasion. L’on décide de passer à l’acte. Tout doucement, les jeunes gens réussissent à saisir la queue de l’animal, puis, ses pattes. C’est le chaos car ils réussissent à le coucher. Arrivent enfin les fameux Peulhs. Très vite, l’un d’eux, apparemment le plus âgé, fait passer la queue de l’animal entre ses pattes afin de l’immobiliser définitivement. L’on peut passer à l’acte. C’est l’imam qui se chargera de cette immolation sous le regard très attentif de tous. Quelques invocations et c’est fait !

La rupture

L’on peut passer à la rupture du jeûne. Un petit déjeuner, auquel nous sommes invités à prendre part, est servi. A table, on bavarde dans la convivialité. Camille recevra même des saoudiens une invitation à La Mecque. Une proposition vraiment tentante à laquelle il a promis de songer. Le repas terminé, nous demandons à nous retirer, chronique oblige.

Mr Abbas, iman de la Mosquée et étudiant (à gauche) et Mr Ouattara, membre du bureau national de la CEEMUCI © Camille Millerand
Mr Abbas, iman de la Mosquée et étudiant (à gauche) et Mr Ouattara, membre du bureau national de la CEEMUCI © Camille Millerand

Célébration de la fête du Tabaski à l'université de Cocody, près du campus. © Camille Millerand
Célébration de la fête du Tabaski à l’université de Cocody, près du campus. © Camille Millerand

PORTRAIT | Rebecca, la battante

Rebecca BAMBA est résidente de la cité universitaire de Mermoz depuis trois ans. Elle est inscrite en Licence des Sciences des Langages et de Communication, à l’Université de Bouaké (délocalisée à Abidjan depuis la crise de septembre 2002). Battante, elle ne se laisse pas abattre par les difficultés. Au contraire, son dévouement, son courage et son abnégation à atteindre ses objectifs lui valent l’admiration de toutes…et même de tous !

Le « marché » de Rebecca

« On trouve tout chez Rebecca ! », pourrait-on dire. « Tout ce qui est comestible : dêguê (boisson faite de mil et de lait), légumes, sel, épices etc. », soutient-elle. Ce marché, elle le tient dans sa chambre. Une affiche sur la porte et le tour est joué. Toutes viennent s’approvisionner chez Rebecca. « Au départ, explique-t-elle, c’était simplement un « petit marché » puisque je ne vendais uniquement  des légumes. Au fil du temps, j’ai commencé à proposer d’autres choses. C’est ainsi que j’ai dû remplacer l’affiche du « petit marché» par l’actuelle où il est seulement mentionné « marché » ».

Ce commerce, elle l’a débuté, il y a deux ans. « Je m’approvisionne chez ma mère. Elle vend au marché Gouro (célèbre marché tenu en grande partie par des femmes de l’ethnie Gouro) à Adjamé. » nous confie-t-elle. Grâce à ce commerce, elle réussit à joindre les deux bouts, en associant cela au « peu des parents ».

« Mon rêve, l’animation télé ! »

Quand on lui demande ses ambitions professionnelles, sans aucune hésitation, elle répond : «l’animation télé» ! Cela a toujours été son rêve. Et elle s’y exerce « progressivement ». « Je suis un stage dans une radio  de la place, raconte-t-elle…Notre formation à l’université est tellement théorique qu’il nous faut nous même la compléter par des stages et autres formes d’expériences ».

En plus de son commerce, c’est une des voix matinales de la radio chrétienne « Fréquence vie ». Elle y anime une émission de jeu du lundi au vendredi. Il semble qu’elle soit appréciée des auditeurs à tel point qu’elle s’est vu bénéficier d’une prolongation d’un mois.

Un caractère de femme forte

C’est en ces termes que la décrivent ses voisines. Un caractère de femme forte qui lui vaut respect et admiration. En effet, elle occupe, depuis plus d’un an, les fonctions de n° 2 de son palier. Tâche à laquelle elle se consacre avec maestria à en croire le témoignage de sa supérieure.

Rebecca, étudiant en licence de sciences du langage et communication. © Camille Millerand
Rebecca, étudiant en licence de sciences du langage et communication. © Camille Millerand

(à gauche) Rebecca tient depuis sa chambre universitaire un commerce de légume. / (à droite) Légumes vendus par Rebecca, résidente de la cité U J.Mermoz. © Camille Millerand
(à gauche) Rebecca tient depuis sa chambre universitaire un commerce de légume. / (à droite) Légumes vendus par Rebecca, résidente de la cité U J.Mermoz. © Camille Millerand

TRAIN TRAIN QUOTIDIEN | Le B0 fait sa toilette

Depuis déjà quelques jours, l’évènement avait été annoncé. La nouvelle équipe dirigeante du palier, s’inspirant des erreurs du passé, avait pris le soin de mobiliser les uns et les autres sur le bien-fondé de cette opération. L’on pouvait ainsi lire sur les différents tableaux d’affichage du B0 (Rez-de-chaussée du Bâtiment B, l’un des sept bâtiments de ladite cité) « Opération paliers et alentours propres ce samedi 28 novembre ».

Une toilette matinale

Samedi 28 novembre 2009. Dès 6h déjà, le Responsable chargé des questions environnementales, à l’aide d’un sifflet, appelle les uns et les autres à un rassemblement dans le couloir du palier. Le réveil est difficile. Mais c’est pour la bonne cause. Les résidents, progressivement, sortent de leurs chambres. Certains sont munis de balais ; d’autres par contre n’en ont, attendant le matériel préparé par les responsables du palier. D’ailleurs, on les voit réunir le matériel : poudre à laver, seaux, serpillère etc.

Quand le chef est là, le reste suit

6h15min. Le chef du palier, prenant la parole, remercie ses résidents pour leur mobilisation et les invite à s’approprier cette opération de nettoyage. Puis, il donne les différentes instructions concernant le déroulement pratique du  travail. Ce sera d’abord le balayage du couloir, puis le nettoyage de la pelouse environnante et enfin le grand lavage du couloir.

Très rapidement, tout le monde se met au travail. Cinq minutes suffisent pour balayer le couloir. Enthousiasmés, par leur efficacité, les résidents se déportent dans les jardins environnants du bâtiment. Là, on se taquine, on échange, non sans oublier de travailler. Tout y passe : mégots de cigarettes, bouts de papiers, bois secs, sachets plastiques etc. Des tas d’ordures sont faits. Ils sont ramassés et jetés à la grande poubelle. Cette seconde partie prend un plus de temps. Vers 7h, c’est le retour dans le couloir pour le grand lavage. On s’active car le temps presse.

Cinq personnes sont priées d’accompagner le chef pour le nettoyage des toilettes. Les autres, eux, poursuivent le lavage. De l’eau savonneuse, des brosses pour frotter le sol et c’est fait. Au bout de trente minutes, l’on peut déjà apprécier la qualité du travail abattu. Le sol, en effet, a retrouvé un peu de son éclat. Plus de toiles d’araignées dans les coins. On peut la joie sur le visage du Responsable à l’environnement. « C’est le premier coup…On espère pouvoir le rééditer »,  lâche-t-il.

Opération propreté dans le Batiment 0 de la cité J.Mermoz © Camille Millerand
Opération propreté dans le Batiment 0 de la cité J.Mermoz © Camille Millerand

Opération propreté dans le Batiment 0 de la cité J.Mermoz © Camille Millerand
Opération propreté dans le Batiment 0 de la cité J.Mermoz © Camille Millerand