Daïbi : L’Afrique des chasseurs


Plusieurs légendes Yorouba valorisent les chasseurs notamment ceux de Nago de Savè.    L’Afrique des chasseurs inspire le photographe Ishola Akpo pour sa nouvelle série dans laquelle il campe un dieu imaginaire : Daïbi. Ce dernier rentre dans le panthéon des dieux sans le cérémonial habituel. Le photographe lui prête ses propres origines, mais aussi son corps et ses fantasmes. René Char disait qu’on n’est pas responsable de ses obsessions.

S’inspirant de l’univers du dieu Ogun, le photographe invente une autre divinité à identités multiples dont les origines se trouvent dans le Nigéria actuel avec une forte présence au Bénin et des ramifications dans la Caraïbe, la diaspora vaudou présente au Brésil, à Cuba et en Haïti. Gu (Ogoun), dieu du fer, est avant tout célébré par les forgerons mais aussi les chasseurs qui le vénèrent. Aucun sacrifice n’est possible sans un couteau en fer.

Le couteau des chasseurs de Savè comme celui d’Abraham qui égorge son fils est au service des sacrifices. Le sang qui coule est sacré. Ici, dans la série Daïbi, le photographe fait du couteau un attribut, au même titre que les nombreux accessoires que porte le dieu (chapeau yoruba bleu, chapeau marocain rouge, chapeau berbère, des clochettes). A l’image des chasseurs, il s’enduit de poudre à canon pour acquérir de la force ; comme tout dieu et toute déesse, il est asexué. 
Ainsi la série Daïbi soulève davantage de questions que de réponses sur les dichotomies qu’on a tendance à séparer plutôt que de les voir ensemble comme complémentaire : peut-on être mi homme mi dieu au lieu d’être soit un homme soit un dieu ? Peut –on être à la fois un dieu chasseur et un chasseur de dieux ? Autant de questions subtiles qui renvoient aux obsessions de l’artiste (la question d’identités multiples), celle de la libération du corps des contraintes sociales (depuis les redresseurs de Calavi) ou celle des objets sacrés (exploré dans la série Les mariés de notre époque).

En se mettant à la fois derrière et devant l’objectif, procédé que le photographe avait déjà utilisé pour la série « Pas de flash s’il vous plait !», Ishola Akpo explore le monde imaginaire, seul monde sans frontière géographique, dans lequel on peut se permettre d’inventer des dieux, et qui nous en dit long sur notre monde actuel.

Texte Giscard Bouchotte, Independant curator

© Ishola Akpo and Fondation Montresso
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