Dieu est-il africain ?

Dieu est un migrant qu’il faut savoir accueillir dans son étrangeté.

Didier Viodé est un artiste pluridisciplinaire, touche à tout, pétri de talent et d’humanité. Qu’il peigne, filme ou photographie c’est toujours avec ses tripes et avec une indéniable intelligence du coeur qu’il le fait. La force de son travail repose sur sa capacité à camper les sujets les plus graves qu’il inscrit au cœur même du quotidien de l’homme, dans une jubilation et une lucidité inouïe. C’est peu dire que son travail interroge, remue intérieurement, incite à la réflexion.

En 2016, le ton est donné à travers sa série éponyme Les migrants, encre sur papier, mettant en scène des migrants sur le chemin de l’Espérance, suivie de la série Les vaillants (2017) « lutteurs » qui bravent les éléments naturels, la mort, l’indifférence, le mépris et fuient la guerre à Alep en Syrie, en Irak, en Afrique ou ailleurs. Des sujets qui à travers le génie créateur du plasticien, sont une allégorie de la vie, une sublimation des ombres noires, ce que l’homme a d’essentiel : la vie dans son infinie beauté et sa valeur inestimable.

Didier Viodé nous revient avec une série de photos intitulée « Dieu est-il Africain ? ». Sous ce titre volontairement provocateur, il pose sans détour la question de la quête du sens, de la foi et de la religion chrétienne, son ancrage dans le paysage africain ou préexistent des croyances ancestrales très anciennes telles que le Vaudou, le culte des ancêtres, etc. Des croyances qui aidaient à structurer la société et à préserver la cohésion sociale.

D’un oeil frais et pudique, l’artiste nous offre le spectacle des églises chrétiennes, sobres, à l’architecture dépouillée qui se fondent discrètement dans un environnement africain très coloré. Ici pas de cathédrales, ni de basiliques. Dieu dans cette fresque paraît tel un migrant pauvre, accueilli dans son étrangeté qui se fond dans l’environnement africain tout en épousant son imaginaire. L’église en se dépouillant « s’indigénise » et prend des accents africains. L’intérieur des lieux n’est jamais montré comme pour laisser à chacun, le choix de devenir l’architecte d’intérieur de sa propre foi.

Face à ces photos sourd une question : Dieu est-il Africain ? Une question qui en appellent d’autres, en autres : Et si ce Dieu qui se fait pauvre dans les replis de la misère africaine n’était que le reflet de l’état moribond d’un continent ? Autrement dit, cette prolifération des églises de réveil en Afrique ne serait-elle pas la face visible d’un continent qui se cherche, une Afrique complètement déracinée, déboussolée en quête de salut ?

Jean-Michel Nzikou

© Didier Viodé
© Didier Viodé

© Didier Viodé
© Didier Viodé

© Didier Viodé
© Didier Viodé

© Didier Viodé
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© Didier Viodé
© Didier Viodé

© Didier Viodé
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© Didier Viodé
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© Didier Viodé
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© Didier Viodé
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© Didier Viodé
© Didier Viodé

© Didier Viodé
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