Mes recherches visaient deux directions mais évidemment les deux étaient étroitement liées. D’une part je m’intéressais au développement historique de la photographie au Burundi : Qui étaient les premiers photographes, quand, où, et chez qui avaient-ils appris leur métier, qui étaient leurs clients, quels studios existent-ils à l’époque, etc. D’autre part je voulais connaitre plus en détail les photographes contemporains et leur situation de travail.
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- Rond point à Bujumbura, 1986. © ABP
Très vite au début de mes recherches j’ai découvert les archives de l’Agence Burundaise de Presse qui contiennent les photos de la Ciné-Photo, l’agence de presse fondé par les belges en 1955, ainsi que le matériel des institutions étatiques de presse qui succédaient Ciné-Photo. Les archives de l’ABP me semblaient assez riches pour tenter un projet d’exposition et de publication dont le premier objective consistait à valoriser la photographie burundaise, à la fois comme objet d’art et comme source historique. Jusqu’à présent aucune étude n’avait encore été réalisée sur ces fonds et aucune valorisation n’avait été entreprise. Seules quelques photos, datant souvent de l’époque précoloniale ou coloniale, étaient parfois intégrées dans des livres d’histoire, ces photos étant prises dans leur intégralité par des européens.
A ce projet d’exposition s’ajoutait une publication grâce à l’appuie financier et logistique du Centre Culturel Français/CCF à Bujumbura que j’ai reçu mais aussi par une contribution de la part du « Programme culturel franco-allemand en pays tiers ». Finalement le projet entier à été financé par les ambassades de France, d’Allemagne et de Belgique. Comme partenaires s’ajoutaient le Ministère de l’Information, de la communication et des Relations avec le Parlement, l’Université du Burundi et le Ministère de la Culture.
L’exposition qui a ouverte ses portes le 29 mai au Centre Culturel Français à Bujumbura présente plus que 100 images qui se trouvent dans les archives de l’Agence Burundaise de Presse, des photographes professionnels et de la presse privée. Elle est structurée autour de quatre thèmes :
- (1) Le Burundi urbain
- (2) La vie quotidienne – travail et loisirs
- (3) Les évènements marquants
- (4) Les régions et le paysage.
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- Le mouvement d’ensemble à Bujumbura, 1976. © Gustave Ntaraka
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Le jour du vernissage, la publication, une sorte de catalogue d’exposition en trois langues (allemand, français et kirundi), qui contient toutes les photos de l’exposition ainsi que deux textes sur l’histoire de la photographie et sur les photographes contemporains au Burundi à été présentée au public.
En plus de la partie historique, l’exposition propose sur de grands posters les portraits de quelques photographes burundais présentement en activité. Cette série de portraits prise dans les studios ou à l’extérieur rend ainsi hommage aux protagonistes d’une profession soumise à une forte pression économique, sociale et politique.
Un mois après l’ouverture de l’exposition, on peut estimer qu’elle a eu un grand succès. Plus de 2’500 personnes, à la grande majorité des burundaises et burundais, se sont rendus au CCF pour apprécier la qualité de la photographie burundaise et pour connaitre leur patrimoine photographique. Une quinzaine de grandes bâches, portant une sélection de photos de l’exposition vont être installées dans la capitale. Ainsi l’espace d’exposition s’ouvrira vers l’extérieur.
L’exposition fermera fin juillet. Quels sont les perspectives d’avenir pour ce projet ?
Un des objectifs sera de montrer l’exposition dans une autre ville au Burundi et surtout dans d’autres pays africains mais aussi en dehors du continent. Pour décrire le but principal, je voudrais citer le texte qui se trouve au verso de la publication. Il résume en quelques lignes l’essentiel du projet : « La mise en valeur des stocks de photographies historiques serait souhaitable, non pas uniquement pour des projets de recherche et de publication, mais également pour faire l’inventaire, pour cataloguer et préserver le patrimoine national. Outre les archives connues, il y a certainement des photographies au Burundi ou dans la diaspora qui attendent d’être découvertes.
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- Studio Photo Top Niveau Bujumbura, 2008. © Rosario Mazuela/Jürg Schneider
C’est souvent suite à des expositions que de tels trésors apparaissent. Si cela arrivait, et si, en plus, l’exposition contribuait à sensibiliser l’administration et le public à l’importance culturelle de la photographie burundaise, dans sa valeur à la fois artistique et historique, l’exposition au Centre Culturel Français et ce livre seraient arrivés à leur but premier. »