Mayotte, au pays des clandestines

A Mayotte, petit bout de terre française au milieu de l’océan indien, l’immigration clandestine atteint des records. Selon les chiffres entre 30 % et 50 % des habitants seraient des migrants illégaux.



Venus de l’archipel des Comores, situé à quelques 70 km de là, hommes, femmes et enfants accostent quotidiennement à Mayotte dans des « kwassa », ces embarcations de fortune, conçues pour quelques personnes et qui en embarquent près d’une cinquantaine provoquant la mort de centaines de migrants chaque année.


Fuyant la misère de leur pays, l’un des plus pauvres du monde, de nombreuses femmes, décident de tenter leur chance à Mayotte : Ici, c’est déjà la France. Ici, elles pourront accoucher sans frais et dans de bonnes conditions, leurs enfants iront à l’école gratuitement et ils obtiendront la nationalité française.



La plupart font le trajet seules avec leurs enfants parfois en bas âge car dans cette région du monde où la polygamie est ancrée dans les mœurs, les hommes ne s’occupent guère de leur famille.

Le voyage pour Mayotte, qui dure plus de quatorze heures, est un calvaire, la mer est parfois déchainée, certaines migrantes y perdent la vie où voient leurs enfants se noyer.

Les passeurs sans scrupules, n’hésitent pas à les « débarquer » sur des îlots distants de plusieurs kilomètres de l’île, parfois dans la « brousse », d’où elles devront se débrouiller seules pour retrouver leur chemin.



Une fois arrivées à Mayotte, le calvaire est loin d’être fini. Il faut trouver où se loger. La plupart des femmes clandestines n’ont pas le choix, elles vivent dans des « bangas », des cases en tôle sans eau ni électricité.


Pour subvenir à leurs besoins, impossible de travailler, elles seraient tout de suite arrêtées par la PAF (la Police aux Frontières), qui arpente les bidonvilles chaque jour pour faire « la chasse aux migrants ».
Cloitrées dans leur taudis, elles ne sortent guère.

La plupart du temps, elles sont prises en charge par des parents plus ou moins éloignés mais leur conditions de vie sont souvent pires qu’aux Comores.



Reste alors le plus difficile : obtenir une carte de séjour. La plupart des migrantes mettront des années à obtenir ce « sésame ».
En effet, face à l’arrivée massive de clandestins, les autorités ne savent plus où donner de la tête, d’autant que la plupart auraient droit à une carte de séjour (parents nés à Mayotte, enfants nés sur le territoire français etc.).
Les procédures dérogatoires sont donc devenue légion, à cela s’ajoute le clientélisme et les passes droits qui gangrènent les administrations.


Certaines migrantes vivront dans la clandestinité et la précarité des années durant, la plupart se feront expulser parfois jusqu’à 3 ou 4 fois puis reviendront, toujours en kwassa, au péril de leur vie, sûres et certaines qu’avec le temps la machine bureaucratique leur délivrera un passeport pour le paradis.


Voyage au pays des « clandestines », une immersion dans le quotidien de femmes qui ont tenté le tout pour le tout afin de rejoindre Mayotte, cet îlot français, synonyme d’espoir.



© Aude Osnowycz
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