Moroccan youth

On a tous notre Amérique. Elle peut venir d’un écran blanc, d’un grand frère idolâtré, ou d’un oncle du même nom, celui qui réussit de l’autre côté d’une mer chimérique. On pourrait se donner les moyens de la faire exister, mais on en préfère souvent l’idée. Pourquoi sortir de sa bulle pour les désillusions de l’Ouest quand on est si bien le cow-boy de son propre Far-West ? L’Amérique de Khalid fait partie des conséquences de l’émigration pour celui qui n’a pas eu l’opportunité de partir. C’est cette vision faussée de l’existence que lui renvoient ceux qui reviennent pour les vacances. 4×4 rutilants, villas aux interminables piscines, ils se comportent en colons le temps d’un été. Khalid est alors des leurs. La différence, c’est que lui reste à la fin.

Son Amérique c’est la vie qu’il estime devoir être sienne. Elle se pare de monogrammes à damiers, rugit de tous ses chevaux-vapeur et séduit les gazelles.L’autre vie est trop lente. Enlisée dans ses sables, elle ne crépite pas comme sur MTV. C’est celle du travail, de la réalité d’un monde où l’on est cruellement ce qu’on possède. Malheureusement, les millions ne poussent pas là où paissent les chèvres. Que reste t-il pour l’oublier ? un peu de pétard et de pétarade pour ne jamais sortir de l’adolescence où tout semblait possible ? Dans les yeux des autres, les pères, les anciens, ce sont les symptômes d’une maladie. « Et ils savent pas que c’est tout ce qu’on a pour nous — Pour nous représenter, ça ils le savent pas ça. » dit Oxmo Puccino. Ceux qui le jugent ne pourront jamais le comprendre : ils n’ont pas été confrontés aux mêmes rêves.

© Ilyes Griyeb
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