Paysage en marge, RIF

Du 21 au 29 mai 2013, l’appartement 22 et son curateur Abdellah Karroum invitaient Jeanne Mercier & Baptiste de Ville d’Avray à inventer une résidence dans le Rif à Beni Boufrah.

Ré-imaginer le paysage était le fil conducteur de ce projet. Les 3 photographes, Virginie Terrasse, François-Xavier Gbré et Laila Hida, avaient le champ libre pour explorer la notion de paysage. 6 jours à errer, échanger, apprendre à se connaître pour à la fin aboutir à des propositions singulières.
Certains en numérique, d’autres en argentique, chacun à leur manière ont interprété en images cette région. Voici ici un extrait des photographies réalisées pendant ce temps de résidence accompagnées d’un texte.
Les participants étaient logés chez l’habitant et dans le lieu construit avec la contribution de la Fondation Almayuda.

Virginie Terrasse

Pendant une semaine, avec deux autres photographes, nous avons découvert le RIF en voiture. De façon hasardeuse, nous prenions tous les jours une nouvelle route et une direction différente. “Paysage en marge” était le thème de cette résidence, un angle large, sans cadre. Nous n’avions aucune contrainte, juste : du rouge, du bleu, du vert et du jaune à photographier. Cette fois je ne me suis pas documentée sur le territoire avant mon arrivée. Je me suis autorisée à ne pas “forcément” le comprendre.

La première chose qui m’a marquée en arrivant à Bni Boufrah ce sont les pelotes de “saber”. Ce cactus je l’ai vu pour la première fois en Cisjordanie, appelé ”Le résistant” il symbolise l’enracinement palestinien, car indestructible, même arraché à la terre il repousse. Je n’ai pas demandé si ce cactus était un symbole pour les rifains mais, assez vite, le mot “résistance” est venu orner la présentation du Rif. C’est de retour à Paris, en regardant mes planches contactes, j’ai réalisé que je ne connaissais vraiment rien du Rif, français et rifains partagent pourtant une histoire significative. Pendant que, comme beaucoup de marocains, les rifains fournissaient les rangs des troupes françaises — lors de la première et de la seconde guerre mondiale — simultanément dans le Rif, d’autres rifains se battaient contre l’invasion des espagnols et des français, puis contre le sultan du Maroc. Pendant des années ce peuple berbère s’est battu pour la décolonisation. Les tribus étaient menées par AbdelKrim qui voulait établir “La république du RIF” et en faire un pays moderne, développer l’économie, l’éducation, et être reconnu par la Société des nations. Abdelkrim reste encore aujourd’hui une grande figure berbère et une grande figure de l’indépendance…

© Virginie Terrasse
© Virginie Terrasse

© Virginie Terrasse
© Virginie Terrasse

© Virginie Terrasse
© Virginie Terrasse

© Virginie Terrasse
© Virginie Terrasse

© Virginie Terrasse
© Virginie Terrasse

© Virginie Terrasse
© Virginie Terrasse

© Virginie Terrasse
© Virginie Terrasse

© Virginie Terrasse
© Virginie Terrasse

Laila Hida

Le Rif, ses routes sinueuses à travers montagnes, vallées et méditerranée. Ses villages perchés qui guettent la mer, ses minarets par dizaines, ses plages sauvages, mi-propres mi-sales, ses gamins qui font l’école buissonnière, ses mystères, ses champs de blé, ses champs de kif, ses femmes rares, ses hommes aux terrasses de café, ses airs de cachotiers.

Ce monde coupé du monde, ses secrets, ses mystères et l’imaginaire…
Le Rif, paysage doré, infini, brute et sauvage. Accueillant et hostile. Pas trop de questions, quelques réponses, des interrogations…

Le Rif, un voyage dans un voyage, une découverte, des paysages qui ressemblent à des souvenirs d’enfance, une terre inconnue.

© Laila Hida
© Laila Hida

© Laila Hida
© Laila Hida

© Laila Hida
© Laila Hida

© Laila Hida
© Laila Hida

© Laila Hida
© Laila Hida

© Laila Hida
© Laila Hida

© Laila Hida
© Laila Hida

© Laila Hida
© Laila Hida

François Xavier Gbré

« Le Rif, pour la première fois, à la découverte de cette terre marocaine.
Ce terrain-là est difficile à maitriser, peu d’informations nous parviennent de cet étrange étranger relief nord-africain. Il n’y a plus qu’à s’y engouffrer, pas à pas. Avoir une approche sociale de ce paysage inconnu est une affaire délicate.
Collecter les formes du paysage, saisir les objets caractérisés par cet environnement, constater les changements, trouver les traces de la transformation de ce territoire…

Et se laisser emporter dans cette mission proche d’une étude topographique.
Quelques instants seulement, des jours, des bribes de temps pour révéler un parcours, cette rencontre, ces trajectoires photographiques.
En route, à trois, sur des kilomètres, lancés dans l’étendue chaude, verte et bleue, haute, vallonnée et à perte de vue, l’horizon aussi.

Liberté!

Bitume, ligne blanche, sillons. Des arrêts forcés par l’intérêt porté à tour de rôle ou d’une même voix enchantée par les détails, la splendeur, la pièce manquante à sa
composition, la note juste à sa partition visuelle.
Le pas accordé, marchant ensemble, suivant d’instinct un chemin, une esquisse, s’écoutant, s’inventant des histoires communes.
Notion de plaisir de voir, de prendre, de saisir une image avec douceur et naturel, loin des conventions techniques, sans contrainte. Au bord d’une route, à travers une lentille en plastique, François-Xavier Gbré se sent libre.
Morceaux choisis de ces précieux instants, instantané du moment, et cette troublante distance entre la prise de vue et la pellicule révélée quelques semaines plus tard.

Ces clichés témoignent de l’essentiel, de ces rencontres-paysages, un monde sensible s’ouvrait ici, simplement.

Texte de Julie Diabira

© François Xavier Gbré
© François Xavier Gbré

© François Xavier Gbré
© François Xavier Gbré

© François Xavier Gbré
© François Xavier Gbré

© François Xavier Gbré
© François Xavier Gbré

© François Xavier Gbré
© François Xavier Gbré

© François Xavier Gbré
© François Xavier Gbré

© François Xavier Gbré
© François Xavier Gbré

© François Xavier Gbré
© François Xavier Gbré