Réflexion d’une Congolaise aux cheveux courts

Porter les cheveux courts et crépus, une réelle gageure pour la Congolaise qui ne jure plus que par son tissage, ses cheveux défrisés ou ses tresses savamment exécutées dans les salons de coiffure qui font florès à Brazzaville. Et oui, « La beauté d’une femme se reflète par sa coiffure ». Un adage qui prend ici tout son sens à en croire les visites hebdomadaires de la Congolaise chez sa coiffeuse. Pourtant de plus en plus de femmes osent les coupes courtes et naturelles, rompant ainsi avec les nombreuses croyances autour de ces coiffures.

Plus qu’un besoin, c’est pour certaines le désir d’exprimer leur différence. Parce qu’elles ne veulent pas être des Mmes Tout le monde, elles arborent une coupe différente.

Au delà de toutes ces croyances qui voient en la femme aux cheveux coupés une veuve suppliciée ou une patiente souffrant de migraine ou d’une quelconque pathologie neurologique, c’est aussi et surtout une résolution pratique. Il vaut mieux garder des cheveux courts et naturels quand on sait que c’est le porte-monnaie qui prend le coup des visites chez le coiffeur – une coiffure revient jusqu’à 15000 frs Cfa – et qu’il faut passer plusieurs heures pour obtenir une belle mise.

Parce que les canons de beauté au Congo, comme un peu partout en Afrique, se sont de plus en plus occidentalisés, avoir une crinière lisse, un brushing d’enfer… est devenue une priorité esthétique pour de nombreuses femmes. Lorsque certaines investissent dans les produits défrisants, d’autres se ruinent en postiches. Des coiffures naturelles ou synthétiques que les Congolaises s’offrent à partir de 2500 frs Cfa pour les synthétiques et jusqu’à 300.000 frs Cfa (450 Euros) pour les mèches naturelles dites « Brésiliennes ». Cependant, lisser ses cheveux crépus à coup de produits défrisants s’est révélé fatal pour beaucoup de femmes. Quelques anciennes adeptes de ces produits, lasses d’avoir les cheveux cassés à force de les défriser ou de les recouvrir de postiches, les coupent pour les laisser repousser naturellement. C’est quelque fois au détour de ces cures de régénérescence capillaire que certaines se prennent se prennent au jeu, et finissent par adopter les cheveux courts.

Il n’est certes pas facile d’assumer cette image de femme à la crinière rase et crépue quand on vit dans une société où les apparences comptent beaucoup. Elles restent inébranlables, soutenant sereinement une image de « Je suis naturelle, belle et je l’assume » face au « qu’en dira t-on ? ». Et même ces messieurs censés assurer les dépenses capillaires de ces dames en demeurent cois. Attention, les cheveux courts et naturels débarquent !

Texte : Ifrikia Kengue