Trois regards marocains

C’est en surfant sur les réseaux sociaux que l’on peut découvrir une jeune scène active de la photographie au Maroc. Chaque jour à travers le web, et différentes plateformes comme Tswira (Fondée par le photographe Ali Berrada), on peut entrevoir les prémisses des pratiques actuelles au Maroc.

Cet article ne se veut pas exhaustif sur la photographie marocaine mais présente trois regards qui m’ont intriguée ces derniers mois : Yasmine Hatimi, Zarhin Khalo et Ayoub Saouab.

Ces trois articles ont été publiés entre décembre 2014 et janvier 2015 sur l’œil de la Photographie.

YASMINE HATIMI

**Casablanca / Balade silencieuse

Premières impressions sur la jeune photographe Yasmine Hatimi découverte récemment.

On a d’abord remarqué ses images de mode rétro dans les magazines Brownbook, Illi et sur Facebook.

Ici c’est son travail sur le paysage et sur la ville de Casablanca sous la pluie qu’elle nous présente. Un travail en cours qu’elle a commencé à son retour au Maroc en 2013.

Née dans la bouillonnante Casablanca, Yasmine Hatimi a envie de la montrer silencieuse et poétique. A l’inverse de sa réputation de capitale économique chaotique, dans ses photographies elle évoque une atmosphère cotonneuse. On est dans le brouillard, dans le floue, sous la pluie, déambulant dans les rues bordées de palmiers. « J’aurais aimé que l’on puisse entendre la pluie juste en regardant mes photos » nous dit-elle.

Ses photographies forcent à faire une pause, à repenser cette ville comme si l’on écoutait un vieil album en roulant en taxi sous la pluie dans Casablanca.

Ce n’est pas pour rien que cette jeune photographe dit s’inspirer des univers de Nadav Kander, Masao Yamamoto ou encore Rinko Kawaouchi. En effet on retrouve dans son travail cette ambiance onirique, une lumière très douce, et un traitement de l’image désaturée. En un mot, un moment d’évasion.

***Biographie

Née à Casablanca, Yasmine Hatimi y travaille en tant que photographe.
En 2004 elle quitte Casablanca pour Madrid, afin de poursuivre ses études supérieures en cinématographie, puis en photographie. En 2011, y elle obtient son Master en Photographie à l’Ecole Internationale de Photographie. Après y avoir passé 9 ans, elle décide de revenir au Maroc, où elle est installée depuis peu avec pour grand projet de voyager à travers son pays et le redécouvrir à travers la photographie. Son travail se pose entre mélancolie et poésie et cherche à transmettre une atmosphère venant de son univers intérieur
Elle a exposé en Espagne et au Maroc. Dernièrement son travail a été présenté à la Galerie de l’aimance à Casablanca et lors de la nuit blanche à Malaga en mai 2014.

***Plus d’infos sur son travail

www.yasminehatimi.com

Casablanca © Yasmine Hatimi
Casablanca © Yasmine Hatimi

Casablanca © Yasmine Hatimi
Casablanca © Yasmine Hatimi

Casablanca © Yasmine Hatimi
Casablanca © Yasmine Hatimi

Casablanca © Yasmine Hatimi
Casablanca © Yasmine Hatimi

Casablanca © Yasmine Hatimi
Casablanca © Yasmine Hatimi

ZARHIN KAHLO

**chronique d’une jeune arabe

Très active sur son profil Facebook, la photographe Zarhin Kahlo poste régulièrement des images de photographes qui l’inspirent, des autoportraits ou des séries aux sujets souvent intimes ou féminins.

Repérée à travers les réseaux sociaux, c’est à travers sa première série exposée Chronique d’une jeune arabe en 2013 chez Yakin & Boaz gallery que le public marocain la découvre.

Depuis, elle a exposé dans plusieurs évènements entre le Maroc et l’Europe. En 2014, A Marrakech, on a pu découvrir certaines des images de sa série Liseli dans l’exposition collective Entre-je organisée par la galerie 127. A Casablanca, elle présentait Fakarouni chez Yakin & Boaz gallery et était invitée en résidence au Festival européen de la photo de nue aux Baux de Provence.

Quand on lui demande pourquoi elle a commencé la photographie, Zarhin Kahlo explique « Pour concrétiser mon imaginaire, je n’ai pas le pouvoir de la parole et les images sont le seul moyen que j’ai pour me libérer et pour me raconter »

Travaillant sur plusieurs séries en même temps, celles-ci s’entrecroisent comme une sorte de journal intime autour du corps de la femme, du sacré tout en s’inspirant largement de l’image orientaliste.

Dans sa biographie, elle revendique ses origines multiples, hispanique, berbère, italienne d’adoption. Son parcours s’enrichit de références, de différentes cultures et iconographie avec une jeunesse baignée de va et vient entre deux continents.

Son vrai nom n’est pas Zarhin Kahlo, c’est un pseudonyme, créé à partir de plusieurs anecdotes, et influences. Kahlo, en hommage à la grande Frida, source inépuisable pour les artistes femmes. Zarhin, nom choisi après un voyage en Iran où son prénom Zarha était transformé par les personnes qu’elle croisait. Mais aussi car en grande fan de l’artiste Shirin Neshat, elle a pris le nom de son personnage Zarrin dans son film Women without men.

En 2009, après des études universitaires en littérature, elle commence à s’intéresser à la photographie pendant des voyages en Iran et en Turquie.
Elle entame alors des études à l’Académie des Beaux-Arts de Brera à Milan en focalisant particulièrement sur l’étude des photographes orientalistes. Diplômée en 2013, elle partage aujourd’hui son temps entre Marrakech et Milan.
Ces derniers travaux oscillent entre une recherche picturale tels ses Portraits orientalistes et des images troubles autour de l’érotisme dans la série Haram ou Femmes d’Alger où l’on aperçoit des morceaux de corps, gros plans, lèvres entrouvertes.

***Biographie

Zahrin Kahlo est née au Maroc, en 1984, dans une famille aux origines Hispanico-Bérbère sous le nom de Fatima-Zahra Boumsir. En 1990, elle quitte son pays natal pour l’Italie, poursuivant le rêve de beaucoup de familles d’immigrants.

Après avoir suivi un cursus classique, elle obtient une licence en littérature étrangère à l’Université de Ca’Foscari de Venise.

Son travail est basé sur la double identité de ces femmes qui choisissent de ne plus être le symbole d’une seule et unique culture.

La photographie devient le support idéal pour représenter la sphère intime et mettre en scène une réalité imaginaire connectée à la mémoire et à l’inconscient.

***Plus d’infos sur son travail

www.behance.net/zahrin33b929

Chronique d'une jeune arabe © Zarhin Kahlo
Chronique d’une jeune arabe © Zarhin Kahlo

Chronique d'une jeune arabe © Zarhin Kahlo
Chronique d’une jeune arabe © Zarhin Kahlo

© Zarhin Kahlo
© Zarhin Kahlo

Liseli © Zarhin Kahlo
Liseli © Zarhin Kahlo

Orientalist portrait © Zarhin Kahlo
Orientalist portrait © Zarhin Kahlo

Passage © Zarhin Kahlo
Passage © Zarhin Kahlo

AYOUB SAOUAB

**Monologue

On continue le tour du web pour suivre la jeune scène photographique au Maroc…

Il y a un an, nous avions aperçu les premières images de ce photographe sur la plateforme marocaine Tswira. Ayoub Saouab était le gagnant du premier concours Tswira et on avait remarqué son univers fantastique.

Après avoir commencé l’école supérieure Beaux-arts de Casablanca, il décide d’arrêter estimant le niveau insuffisant et la formation n’étant pas reconnue par l’état. Il se lance alors dans le milieu artistique à travers des projets personnels.

Originaire de Casablanca et âgé de 23 ans, il est actuellement directeur artistique d’une petite agence de communication.

Quand on demande à Ayoub Saouab comment il en est venu à la photographie, il l’évoque tout d’abord comme une passion. Au départ son idée était de réaliser des clichés sur le vif pour raconter les beaux moments de vie des gens qu’il croise. Puis il décide de s’imprégner de l’univers de chacun pour concevoir des images augmentées qui dépassent ce que montre le réel.

Son point de départ : il estime que d’une certaine manière tout le monde joue la comédie et se créé une vie.

Son concept : Alors c’est au travers d’un mixage de photographies qu’il invente une nouvelle représentation de la personne.

Ainsi pour réaliser, une photo, il commence par un shooting avec son canon 500D en enregistrant plusieurs plans, suit un croquis sur papier et enfin il modifie le tout sur Photoshop. Parfois, il imprime l’image et y ajoute de la peinture.
De là en ressort, des images fictionnelles comme on peut le voir dans sa série Monologue.

Peu importe qu’on reconnaisse les modèles. Ayoub Saouab joue du flou, de la superposition, de l’effacement pour donner une vision fantasmée du monologue comme si chacun des personnages sur ses images se parlaient à lui-même. Le résultat est touchant et montre une volonté de trouver une esthétique personnelle.

***Plus d’infos sur son travail

– Son Tumblr : anyous.tumblr.com
– Sur la plateforme Tswira : www.tswira.ma

Monologue © Ayoub Saouab
Monologue © Ayoub Saouab

Monologue © Ayoub Saouab
Monologue © Ayoub Saouab

Monologue © Ayoub Saouab
Monologue © Ayoub Saouab

Monologue © Ayoub Saouab
Monologue © Ayoub Saouab

Monologue © Ayoub Saouab
Monologue © Ayoub Saouab