Tayob Towers, Pritchard Street, Jo'burg series © Guy Tillim, Galery Michael Stevenson
Tayob Towers, Pritchard Street, Jo'burg series © Guy Tillim, Galery Michael Stevenson

L’univers fantomatique de Guy Tillim

Tayob Towers, Pritchard Street, Jo'burg series © Guy Tillim, Galery Michael Stevenson
Tayob Towers, Pritchard Street, Jo’burg series © Guy Tillim, Galery Michael Stevenson
Il y a des photographies qui restent dans un coin de votre tête et dont l’univers fantomatique vous hante. Quand nous pensons à Guy Tillim , c’est – Tayob Towers, Pritchard Street – cette image réalisée en 2004 dans sa série « Jo’burg » , qui se fraie inéluctablement un chemin dans notre esprit. Une image troublante, tout y est, l’aspect décalé de l’échelle, la tonalité sourde, l’ambiance.

Guy Tillim semble saisir la capitale sud africaine comme un no man’s land, un paysage abandonné.

 «La terre où je suis né m’est devenue étrangère à mesure que je la découvrais. Le désir d’y photographier est moins lié à la volonté d’en poser le décor que de m’y situer moi-même» .

C’est donc avec impatience, que depuis des mois nous avions noté dans nos agendas, la date d’ouverture de sa première exposition importante à Paris qui se tient depuis le 13 janvier 2009 à la Fondation Henri Cartier-Bresson .


On n’y a jamais vu autant de couleurs : c’est la première fois que cette fondation organise un évènement consacré à un photographe travaillant uniquement en couleur.

L’exposition  présente deux volets du travail de Guy Tillim, avec au premier niveau son dernier travail «Avenue Patrice Lumumba».

Réalisée en 2007-2008, cette série a reçu le soutien de la bourse

Apartment building, Avenue Bagamoyo, Beira, Mozambique, 2008 - Avenue Patrice Lumumba series © Guy Tillim, Galery Michael Stevenson
Apartment building, Avenue Bagamoyo, Beira, Mozambique, 2008 – Avenue Patrice Lumumba series © Guy Tillim, Galery Michael Stevenson
Robert Gardner pour la photographie attribuée pour la première fois par le Peabody Museum de l’Université de Harvard.

L’exposition s’ouvre sur une image déroutante a contrario du reste de l’exposition : «Bibliothèque, club de sports, Kolwezi, RDC, 2007».

Une bibliothèque si cosy, si parfaite à l’inverse des autres images où l’on distingue de grands espaces en friche dans différentes pays africains comme le Mozambique, la RDC, le Bénin, le Ghana, l’Angola ou encore Madagascar

En reprenant le nom emblématique de Patrice Lumumba, icône importante de la lutte pour l’indépendance de la République Démocratique du Congo, Guy Tillim, qui est né en 1962, en dit long sur les problèmes liés à la colonisation et à la décolonisation.

Faisant face à ces espace vides, reflets d’une période  faste où des piscines grandioses sont abandonnées, des palaces désaffectés, seuls sont présents des fonctionnaires (dactylographes, comptables…) esseulés dans leurs bureaux… totalement désœuvrées.
Grande Hotel, Beira, Mozambique, 2008 - Avenue Patrice Lumumba series © Guy Tillim, Galery Michael Stevenson
Grande Hotel, Beira, Mozambique, 2008 – Avenue Patrice Lumumba series © Guy Tillim, Galery Michael Stevenson

On poursuit ensuite au deuxième étage avec son travail magistral « Jo’Burg » qui date de 2004.

Cette série s’ouvre sur une vue de Hillbrow depuis le toit du Mariston Hotel. Une vue au ciel apocalyptique qui laisse présager l’ambiance sourde du reste de l’exposition.

Il y a certainement une première sensation d’absence qui vous saisi en découvrant les premières images prises en extérieur. Le temps semble être suspendu, les tours modernes ou les grandes barres d’immeubles sont plus qu’insalubres, décomposées…

Tout contraste avec le charme désuet des intérieurs de Jo’burg  où nous nous immisçons chez un coiffeur, dans une cuisine… Ces nouveaux espaces que les locataires tentent de s’approprier…

Dans cette salle, un gros coup de cœur pour le supplément du journal «le phare» du 27 juillet 2007, quotidien de Kinshasa qui présente une série sur les premières élections législatives du Congo et le désordre civique qui les a  accompagnées. Réalisée par Guy Tillim en 2006, cette série n’a pu être exposée dans la capitale congolaise, mais le quotidien indépendant le phare a diffusé ses suppléments en 1500 exemplaires. www.lepharerdc.com

Cette exposition est incontournable car il est encore trop rare en France qu’un lieu offre une rétrospective à un photographe africain mais aussi car le talent de Guy Tillim est indéniable et reflète sans misérabilisme les problèmes des grandes métropoles africaines.

Pour aller plus loin…

photographies et biographie sur la galerie Michael Stevenson

interview sur An African Interview Series

Barber's shop, Hillbrow - Jo'burg series © Guy Tillim, Galery Michael Stevenson
Barber’s shop, Hillbrow – Jo’burg series © Guy Tillim, Galery Michael Stevenson
View of Hillbrow looking north from the roof of the Mariston Hotel - Jo'burg series © Guy Tillim, Galery Michael Stevenson
View of Hillbrow looking north from the roof of the Mariston Hotel – Jo’burg series © Guy Tillim, Galery Michael Stevenson