Etrangère est la transcription visuelle des émotions vécues par Godelive Kabena Kasangati suite à l’éclatement de sa famille par le divorce de ses parents quand elle était enfant.
Les blessures résultant de cet événement ne se sont pas manifestées par des mots, mais plutôt par la peur d’affronter le monde. Depuis plusieurs années, elle s’interroge sur le manque de confiance en soi, la peur, la solitude et l’incertitude qu‘elle ressent, essayant d’en définir la cause et d’y remédier.
Elle s’est lancée dans une exploration de son passé, son présent, de sa mémoire et sa réalité, soulageant l’absence de personnes qui lui sont chères, comme ses parents et ses frères et sœurs, et interrogeant la construction de sa propre identité.
Dans cette série très personnelle qui fonctionne comme un journal intime, elle a recours à l’autoportrait comme outil d’expression de son introspection. L’autoportrait est devenu pour elle une stratégie pour transcrire la représentation intérieur qu’elle se fait d’elle-même, révélant ce qui est caché, rendant visible ce que les autres ne peuvent pas voir ou entendre, ce qu’elle connait mieux que quiconque. La photographe a construit des images dans lesquelles elle s’est mise en scène et a incorporé son propre langage esthétique, recréant des moments particuliers qui reflètent les émotions et les angoisses ressenties au cours des dernières années.
Même bien entourée, elle s’est sentie étrangère dans un monde qui lui semblait froid. Elle a recouvert son corps de tissus pour cacher la personne qu’elle a pensé ne pas devoir être. Elle a improvisé un casque en fer pour symboliser son enfermement dans la solitude et l’incertitude et se protéger d’un monde qu’elle craignait. Malgré son mal être ,elle tente de garder son équilibre. Le silence intimidant qui règne dans l’œuvre de Godelive Kabena Kangati oblige le spectateur à reconnaitre la force de son espace intérieur sacré.