« Ce qui nous arrive ici, en plein visage » – Interview de Yasmine Chemali

Depuis son ouverture il y a un an et demi, nous suivions les projets du Centre de la Photographie de Mougins, dernier centre photographique ouvert en France.

C’est à l’occasion de son exposition en deux volets  » Ce qui nous arrive ici, en plein visage » que nous avons eu l’occasion de nous y rendre et de rencontrer sa directrice Yasmine Chemali. C’est une plongée dans deux univers photographiques et vidéos très diverses, avec Catherine de Clippel et « Photographier les vodous » et Marie Baronnet et « Amexica » sur lesquels nous revenons dans cet entretien à trois voix. Pour mieux comprendre ce rapprochement de deux approches, périodes, territoires différents dans ce projet d’exposition,  quelques mots de la préface de François Cheval : « Entre les photographies de Marie Baronnet, prises à la frontière mexicaine, et celles de Catherine De Clippel, capturées en Afrique de l’Ouest, se noue pourtant une relation étonnante. Toutes deux saisissent ce qui se passe entre ce qui s’ouvre et ce qui se ferme, cet au-delà qui attise la curiosité propre à l’homme. Car, pour ce dernier, il faut toujours appréhender ce qui se cache et se trouve de l’autre côté. Le désir du franchissement affirme la volonté quasi génétique de percer à jour le mystère d’un autre territoire. »

 

Nous avons pu découvrir le Centre de la photographie de Mougins dans le cadre de l’exposition actuelle, « Ce qui nous arrive ici, en plein visage », pouvez-vous nous parler de la genèse de ce projet et le public de ce centre ?
Le Centre de la photographie de Mougins ouvrait ses portes en juillet 2021 en période de pandémie, dans l’espoir d’ouvrir un nouveau lieu qui servirait les multiples tendances de la photographie contemporaine. La mission principale du Centre est le soutien à la création et aux expérimentations des artistes, qu’ils soient français ou étrangers, émergents ou confirmés, par les trois expositions annuelles. Nous réalisons également une publication en lien avec les expositions qui appelle une réflexion anthropologique, historique, littéraire voire musicale et sort du champ de l’histoire de l’art. Enfin, les résidences de création, de transmission ainsi que l’éducation à l’image font du Centre un lieu vivant, engagé auprès des publics.
Le Centre de la photographie de Mougins est un service municipal et travaille en cela pour son public local, celui du 06 et de la région Sud. Le public du Centre est aussi celui d’un réseau, à l’échelle locale et régionale (réseau Botox(s), Plein Sud, Grand Arles Express), dans le but de promouvoir la photographie telle que nous la défendons, l’édition photographique telle que nous la concevons, ainsi que les valeurs que nous prônons. Sur le plan photographique, nous créons des liens avec le réseau Diagonal, ou encore l’association des éditeurs France Photo Book. Ouvert à tous, avec une programmation exigeante, le Centre participe à la politique culturelle d’une ville et à son rayonnement.

 

Vue de l’exposition © Communication Ville de Mougins

Comment peut-on définir la ligne curatoriale et les premières expositions ?
Être en lien avec le réel par le choix de sujets actuels puissants, en respectant les critères de parité, en attribuant la place qui est due à la photographie féminine, être en état de vigilance permanente, à l’affût d’autres expressions extra-européennes, est la seule règle présidant aux choix de la programmation. Cette appétence, une ambition, requiert une mise en œuvre soutenue de dispositifs et d’actions en vue d’une diffusion de l’art contemporain. Sur les cinq expositions réalisées, nous avons présenté sept artistes dont cinq sont des femmes : Isabel Muñoz, Jenny Rova, Natasha Caruana, Li Lang, Yuki Onodera, Tom Wood et Catherine De Clippel. La ville de Mougins soutient cette diversité et ambition en nous permettant, à François Cheval – directeur artistique du Centre – et moi-même de soutenir des artistes et des projets photographiques puissants. Avec Isabel Muñoz, nous découvrions le Japon des danseurs de butoh, le monde des yakusas ou du shibari ; Jenny Rova et Natasha Caruana nous proposaient leur propre interprétation de l’amour se mettant à nu avec un recul et un regard d’analyste scientifique (Caruana) ou avec un sens certain de l’autodérision (Rova). Li Lang avec son parcours en train à travers la Chine, une photo par minute, projetée en installation par cinq vidéoprojecteurs, plongeait le public dans un voyage initiatique, alors que les tirages recomposés de Yuki Onodera jouaient avec notre cerveau. Les séries « historiques » de Tom Wood nous plongeait dans un Liverpool haut en couleurs de la fin des années Thatcher, échappant aux stéréotypes auxquels une certaine photographie documentaire britannique nous a habitué.

Actuellement, vous présentez une exposition dont la singularité est de s’articuler autour de deux volets, intitulée « Ce qui nous arrive ici, en plein visage », pourriez-vous en nous en évoquant ce titre, revenir pour nous sur l’histoire du projet ?
Je crois que la préface écrite par François Cheval répond parfaitement à cette question :
À la frontière séparant les États-Unis et le Mexique se dresse une barrière, une muraille sinistre et connue de tous. À elle seule, elle incarne tous les murs et refus de l’autre. Ailleurs, en pays dogon, d’autres bornes se dressent, sous forme de sculptures en terre, posées directement sur le sol. Des protubérances qui dissocient les vivants des esprits. Entre les photographies de Marie Baronnet, prises à la frontière mexicaine, et celles de Catherine De Clippel, capturées en Afrique de l’Ouest, se noue pourtant une relation étonnante. Toutes deux saisissent ce qui se passe entre ce qui s’ouvre et ce qui se ferme, cet au-delà qui attise la curiosité propre à l’homme. Car, pour ce dernier, il faut toujours appréhender ce qui se cache et se trouve de l’autre côté. Le désir du franchissement affirme la volonté quasi génétique de percer à jour le mystère d’un autre territoire. Les vodous, fréquentant les mêmes espaces que les humains, errant dans des zones aux limites incertaines, symbolisent ainsi ce qui lie et ce qui sépare, pour mieux confondre le même et l’autre. La frontière est bien plus qu’un événement historique. Elle est pour nos deux photographes un entre-deux où, à la fois, vie et mort se frôlent pour parfois se confondre. Et c’est dans ces moments, entre chien et loup, dans ces nuits fantomatiques, dans l’instabilité qui est la nature même du vivant, que l’on nous conduit dans ces zones de confins, à la fois rupture et point de départ. Là où se repensent les nouvelles frontières de l’identité.

Dans sa préface à Dieux d’Afrique,
Théodore Monod pose cette phrase fulgurante :
« Ce qui nous arrive ici, en plein visage, à l’improviste,
ce n’est pas l’habituelle matière à curiosité […],
ce précieux butin, il n’était pas à la portée
d’un touriste ordinaire, ou même à un ethnologue
du modèle habituel, de le conquérir […],
Pierre Verger ne dit pas tout, et ne montre pas tout.
Car c’est, aussi, un sage. »
Pierre Verger,
Dieux d’Afrique,
Paris, Paul Hartmann,
1954.

 

© Jean-Paul Colleyn Catherine De Clippel filmant une cérémonie de succession 1988 Anfouin, Togo

 

© Catherine De Clippel Acolyte au vodou Djagli 1989 Séko, Togo

Nous connaissions le travail vidéo de Catherine De Clippel sur l’Afrique mais finalement très mal son travail photographique. Comment s’est passé le travail de recherche, documentation, et numérisation ?
Assez simplement (pour nous) ! Catherine est une bonne élève, cela a été très facile de travailler avec elle. Elle nous a fait directement confiance pour monter le projet. À son origine, un texte, celui que François Cheval écrit pour le livre Photographier les vodous : Togo-Bénin 1988-2019 paru à la Maison des sciences de l’homme en 2020. Ça a été le point de départ à l’invitation à Mougins. Catherine était aussi la photographe qu’il fallait pour tisser et renforcer encore ce lien que nous établissons entre photographie et entropie, entre photographie et anthropologie. Catherine nous a donné accès à beaucoup de matériel, nous sommes allées chez elle pour visionner les films aussi.
Pour les tirages, par la suite, il a fallu qu’elle fasse renumériser en haute définition ses négatifs, afin de pouvoir les tirer aussi grand pour l’exposition (90×135 cm). Cela n’empêche pas le grain qui est très largement présent, et l’impression sur du papier de riz renforce cet effet presque sableux du tirage. Pour le film, la colorimétrie a complètement été retravaillée aussi par l’agence de création numérique on situ avec qui nous avons travaillé pour projeter le film « Les dieux-objets » (1989).

Vous exposez ici, un travail autour des vodous, au Togo et au Bénin, sous le titre « Photographier les vodous : Catherine De Clippel », que découvre -t-on ? Et comment le public réagit ?
Les médiations sont incroyables. Les retours très positifs. Les échanges avec le public passionnants. Quasiment chaque semaine (sans exagération), nous rencontrons une personne qui a eu une ou des expériences avec un vodou : bien sûr quelques visiteurs originaires du Togo ou des voyageurs, mais aussi des personnes venant du Brésil, de la Réunion ou d’ailleurs. Je salue mon équipe de médiatrices qui ont été encore plus humbles dans leurs discours et beaucoup dans le partage. Nous accompagnons les visiteurs, comme à chaque exposition, mais peut-être que c’est encore plus nécessaire ici.

En mars, vous ouvrirez le second volet de l’exposition en couleur, avec un travail contemporain « Amexica » de Marie Baronnet. Que pourra-t-on y voir ?
Oui. Si le terme « vodun » suggère l’insaisissable, le projet Amexica donne à voir une frontière bien visible. C’est en 2009 que Marie Baronnet (photographe française vivant et travaillant à Los Angeles) commence à photographier et à filmer régulièrement la frontière mexico-américaine, d’un bout à l’autre, allant de l’océan Pacifique jusqu’au golfe du Mexique. Elle explore toutes les facettes de cette frontière pendant une dizaine d’années, rencontrant des migrants et des militants, des médecins légistes, des « coyotes », des shérifs et des agents de la police des frontières ou encore des Minutemen. Tous incarnent la vie à la frontière. Dans un va-et-vient constant entre deux mondes, entre perte et espoir, Marie Baronnet crée un documentaire qui aide à comprendre ce qu’il se joue aujourd’hui au cœur du territoire « amexicain ».
L’exposition présentera un long métrage de 95 minutes que Marie a réalisé avec Raoul Peck (Velvet Film) en collaboration avec Arte ainsi que des tirages de son travail à la frontière.

 

@ Marie Baronnet
Mur ouvert : ancienne et nouvelle clôture. Les panneaux métalliques datant de la guerre du Vietnam, installés au milieu des années 1990, ont été remplacés par de nouvelles clôtures. Le 17 décembre 2019, le commissaire des douanes et de la protection des frontières des États-Unis a déclaré que 149 669 kilomètres de barrières avaient été construits pendant l’administration Trump, la plupart, remplaçant des structures existantes.
Baja California, Basse-Californie, Tijuana, Mexique, 2009

Pourriez- vous revenir sur le projet éditorial qui accompagne vos expositions et en particulier celui de « Ce qui nous arrive ici, en plein visage » ?
Croiser, mettre en conversation les disciplines hors du champ photographique : l’anthropologie, la géographie, le scientifique, les études postcoloniales ou de genre ; ramener la photographie à sa mission première, un élément de compréhension du monde, tel est l’objectif des Cahiers du Centre de la photographie de Mougins. Croire que la photographie est un geste utile dans sa capacité à agir sur le monde et prenant part aux changements qui le traversent. Croire encore au papier comme support d’expression et d’écritures diverses. Penser cette revue sous format papier pour l’objet qu’il représente, sa nature transportable et le seul bonheur de tourner les pages. Imaginer une édition qui installe l’image et le propos dans une lecture et une temporalité différentes.
Cahiers est une revue, sous format papier, trimestrielle et indépendante.
Son positionnement : se situer entre le livre photo luxueux, le catalogue d’exposition à la faible pérennité et le livre de vulgarisation. Initié par le Centre de la photographie et en réflexion avec Michel Lepetitdidier, designer graphique à qui est confiée la lourde tâche de trouver la voie d’une nouvelle écriture des pratiques photographiques, Cahiers se veut simple et économique, l’hybride entre le roman et la reproduction de l’image pointue.
Alternant cahiers en une seule couleur sur papier de type bouffant pour le texte et cahiers couleur sur papier propre à la restitution la plus fine de l’objet photographique, en bichromie ou en quadrichromie, le format est optimisé (17 x 24 cm) réduisant au maximum la chute de papier. Une impression en circuit-court auprès d’imprimeurs garantissant le savoir-faire en matière d’édition sera privilégiée, assurant la maîtrise de l’impression, de la reliure en cahiers cousus et du façonnage.

Pour les Cahiers #5, « Ce qui nous arrive ici, en plein visage », nous avons invité deux auteurs : le premier, Jean-Paul Colleyn, anthropologue et chercheur à l’Institut des mondes africains (IMAF / CNRS-IRD-EHESSuniv. Paris I-EPHE-AMU) dont les travaux portent essentiellement sur les pratiques religieuses au Mali, les cultes de possession en Afrique, l’anthropologie de l’art ainsi que l’anthropologie visuelle ; le second, Jérôme Esnouf, normalien, agrégé de philosophie et docteur en science politique.

« Les murs ont manifestement quelque chose
à voir avec la mort, qu’il s’agisse de la provoquer
ou de l’écarter. Lorsqu’ils séparent arbitrairement
les groupes humains, certains murs peuvent
susciter le désir risqué d’être franchis ; d’hier et
d’aujourd’hui, leur imposante masse vise à empêcher
des dynamiques nomadiques et migratoires
de menacer les territoires circonscrits. »
Extrait du texte de Jérome Esnouf, « Des murs et des morts », Cahiers #5 « Ce qui nous arrive ici, en plein visage ».


Quels sont vos prochains projets et enjeux pour 2023/ 2024 ?
On continue ! En matière d’expositions déjà, nous poursuivrons nos engagements en présentant des photographes femmes avec Marie Baronnet, Anna Niskanen à l’automne 2023, Jessica Backhaus en hiver 2024,  puis un travail sur la place des femmes au sein du Black Panther Party pour l’été 2024. Pour cet été, nous mettons en avant la figure d’Harold Feinstein (1931-2015). Photographies de New York, de Coney Island, Brooklyn, Feinstein est le plus jeune membre de la Photo League. Il photographiera le conflit en Corée (1954) avant revenir à Coney Island d’où il n’est jamais très loin. L’enseignement du photographique, la pédagogie, sera une des grandes passions du photographe.
Le Centre participe de l’offre culturelle de la ville de Mougins. Nous travaillerons avec et pour les publics locaux et des alentours, pour faire du Centre un lieu encore plus convivial et d’échanges.

Chère Catherine de Clippel, Chère Marie Baronnet, après notre entretien avec Yasmine Chemali nous avions envie de revenir sur  la genèse de vos deux projets exposés ici respectivement .
Pourriez-vous nous raconter comment vous voyez ce rapprochement opéré de vos deux pratiques à travers cette exposition ?
Quels sont vos prochains projets en 2023/2024 ?

Catherine De Clippel :
Genèse :
La publication de la Maison des sciences de l’homme est le point du départ du projet. Nous avions déjà fait des livres avec les films de la série « Vivre avec les dieux ». Jean-Pierre Dozon a proposé à la Maison des sciences de l’homme de faire un livre de photographies, ce qui était une première. François Cheval, anthropologue, a été contacté pour écrire une contribution dans Photographier les vodous ; c’est lui qui a ensuite eu l’idée de faire l’exposition à Mougins.

Nos deux pratiques : 
Dans les deux cas, nous sommes dans le monde des frontières. C’est évident dans le travail de Marie Baronnet. Le monde des vodous c’est le monde du seuil, du visible à l’invisible. Cette population sud-américaine se lance dans un projet car la vie est devenue insupportable et les migrants se rendent en territoire inconnu, car non vécu. C’est l’inconnaissable pour eux. Dans le vodou, on retrouve ce dialogue entre le visible et l’invisible, à la différence que dans le vodou tout est encadré d’invisibles puissants, dangereux mais aussi on est apaisés parce qu’il y a la présence humaine qui encadre le tout grâce au bokono (devin) qui est l’intermédiaire. L’homme qui va voir le bokono fait face, avec toute la société autour au malheur ; alors que de l’autre côté de la frontière, eux, sont seuls. Seuls pour appréhender ce qu’ils souhaitent comme un nouveau départ.

Prochains projets : 
Le prochain projet est une exposition à Nantes en juin, une initiative de Jean-Yves Augel. Seront présentés des artistes béninois du siècle dernier ainsi que des artistes contemporains. Le vodou y aura une grande place avec une présentation d’objets de culte et une collection de masques. Je réfléchis à y présenter des tirages d’Egungun avec un travail sur la couleur, assez différent de ce qui est présenté à Mougins.

Marie Baronnet :
Genèse :
J’ai commencé à travailler à la frontière Mexicaine et Américaine en 2009 influencée par les livres de Mike Davis et Julian Cardona sur ce sujet. Avec comme objectif initial de marcher le long du mur et de photographier cette frontière, la vie et la mort, d’un bout à l’autre, allant de la Californie jusqu’au golfe du Mexique vers l’Atlantique. 
En 2011 ce projet réalisé en photos et en vidéo m’amène à m’installer en Californie. Ma condition d’immigrante en Amérique me pousse à documenter les différents destins moins favorisés de ceux et celles qui tentent de traverser cette frontière dans l’espoir d’une vie meilleure. Et à travers ces histoires, documenter et comprendre les tensions politiques, géopolitiques, économiques et humaines qui se jouent entre ces deux pays frontaliers. 

Nos deux pratiques : 
Je ne serai pas vraiment comme répondre à cette question autrement qu’en disant que ce qui nous rapprocherait (Catherine et moi) serait peut-être notre pratique documentaire à travailler sur un sujet sur la durée et au-delà du spectre médiatique. En le documentant sous tous ces angles de façon presque anthropologique. 
Quelle est l’histoire personnelle qui se joue à travers nos pratiques aussi distinctes l’une que l’autre ? Deux femmes photographes dans un milieu artistique éminemment privilégié et masculin, c’est déjà ça. Deux femmes blanches aussi. De fait nos sujets nous renvoient la question. La réponse à mon avis se trouve quelque part entre la pratique artistique et l’activisme individuel et personnel et comment ces deux questions se répondent et se nourrissent l’une de l’autre. 

Prochains projets : 
Je suis actuellement en phase de pré-production de mon second film documentaire (produit par VelvetFilms / Raoul Peck) Ou depuis 2020 je suis le parcours d’hommes et de femmes sans abris dans les rues de Los Angeles ou je vis. 
Je poursuis aussi le tournage d’un documentaire sur un groupe de (femmes, de mères principalement) à la recherche de leurs enfants disparus dans la région du Sonora au Mexique. 
J’ai terminé en 2022 un livre intitulé AMEXICA sur la frontière Mexicaine et Américaine en collaboration avec le graphiste Ricardo Baez. Je n’ai pas encore d’éditeur(trice) à ce jour.